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ÉTUDES SUR L’ALLEMAGNE.

de la couronne britannique, est lié à l’Angleterre par ses habitudes et ses intérêts ; le grand-duché d’Oldenbourg ne peut communiquer avec le reste de l’Allemagne que par le Hanovre ; le Holstein, quoique faisant partie de la confédération germanique, est avant tout une province du Danemark ; les villes libres de Brême et de Hambourg, situées sur les embouchures du Weser et de l’Elbe, et dont le commerce est si actif et si florissant, ne sont que de grands entrepôts de marchandises étrangères, et ne veulent pas renoncer aux bénéfices que leur assure la qualité de ports francs. Tout le littoral allemand, depuis la Hollande jusqu’à la Poméranie, refuse de s’associer à l’union, ou prend même vis-à-vis d’elle une position hostile[1]. Il résulte de là que ses produits se trouvent arrêtés au nord de l’Allemagne par des barrières semblables à celles que leur opposent sur d’autres points la Hollande, la France, l’Autriche et la Russie, et que son commerce ne peut pas prendre d’extension importante au dehors. Du reste, il n’est pas vraisemblable que ces barrières tombent de si tôt, car les pays riverains de la mer du Nord ont incomparablement moins besoin de l’union que l’union n’a besoin d’eux, et ils ne consentiraient probablement à en faire partie qu’à des conditions incompatibles avec ses bases actuelles. L’opinion générale à la vérité se prononce assez vivement contre les états séparatistes ; tantôt on gourmande leur égoïsme et on les accuse de trahison envers la patrie commune, tantôt on cherche à leur persuader que l’isolement leur est funeste, et qu’ils auraient tout à gagner à se rallier à l’union ; mais tout cela jusqu’ici a été en pure perte. Le roi de Hanovre, duquel tout dépend, est accoutumé depuis long-temps à tenir peu de compte des arrêts de l’opinion publique, et il est bien plus Anglais qu’Allemand par sa naissance, ses antécédens, les habitudes de toute sa vie : or, l’Angleterre travaille de toutes ses forces à maintenir la barrière hanovrienne entre le territoire de l’union et la mer du Nord, et ses conseils ont d’autant plus de chances d’être écoutés que la position actuelle est favorable aux intérêts particuliers du Hanovre, lesquels, quoi qu’on en puisse dire, sont difficiles à concilier avec les

  1. Il s’est formé en face de l’union prussienne une union de la Basse-Saxe, fondée aussi sur la communauté des douanes, et qui comprend le Hanovre, le Brunswick, l’Oldenbourg et la principauté de Schaumbourg-Lippe. Aujourd’hui, le Brunswick paraît décidé à s’en détacher pour se joindre à la grande union. Les deux duchés de Mecklenbourg, pays purement agricoles, auxquels leur position sur la mer Baltique assure des débouchés avantageux pour leurs produits, sont restés dans l’isolement, ainsi que les trois villes libres, Hambourg, Lubeck et Brême.