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REVUE. — CHRONIQUE.

d’Orient ont conservé l’hérédité de l’épiscopat d’une manière encore plus intacte et plus régulière que n’a pu le faire l’église d’Angleterre à travers les troubles de la réformation, et que, par leur origine, elles se rattachent plus immédiatement aux apôtres. Créer un évêché anglican à Jérusalem, où il y a déjà un patriarche grec orthodoxe, c’était donc porter la guerre sur un territoire allié, et mettre de nouveaux obstacles à la réunion finale des églises du Levant et de l’Occident.

Les évêques anglicans ont cherché à calmer ces inquiétudes, et ont nié toute intention de faire de la propagande dans l’église grecque orthodoxe. Ainsi, pour prouver qu’ils ne voulaient point empiéter sur les droits plus anciens du patriarche de Jérusalem, ils ont sacré l’évêque Alexandre, non pas sous le titre « d’évêque de Jérusalem, » mais sous celui « d’évêque d’Angleterre et d’Irlande à Jérusalem. » Cette subtile distinction est destinée à convaincre le patriarche grec que l’église anglicane, avec ce parfait respect des droits de son prochain qui l’a toujours caractérisée, ne veut toucher en rien à son titre et à ses prérogatives. Mais enfin l’église d’Orient est depuis longtemps séparée de l’église d’Angleterre par des différences qui, sans rendre ni l’une ni l’autre coupable de schisme, empêchent cependant les anglicans fixés en Palestine de recevoir les sacremens des mains des prêtres grecs. L’Angleterre n’a donc d’autre but que de créer un arrangement provisoire pour les besoins de ses coreligionnaires, en attendant que la communion primitive entre les églises d’Orient et celle de l’Occident ait été rétablie.

C’est pourquoi le primat anglais a donné au nouvel évêque une lettre de recommandation « pour les prélats et évêques des anciennes églises apostoliques de Syrie et des contrées adjacentes. » L’évêque de Jérusalem, nous voulons dire l’évêque à Jérusalem, a reçu pour instructions « d’établir et de maintenir, autant que possible, des relations de charité chrétienne avec les autres églises représentées à Jérusalem, et en particulier avec l’église grecque orthodoxe, prenant un soin particulier de les convaincre que l’église d’Angleterre ne veut en rien les troubler, ni les diviser, ni intervenir dans leurs affaires, mais qu’elle est disposée, dans un esprit d’amour chrétien, à leur rendre tous les services d’amitié qu’il leur conviendra d’accepter. » Rien n’est plus doux, plus inoffensif et plus conciliant que ce programme ; mais, hélas ! qui sait si l’église anglicane pourra toujours commander à son zèle, et si, dans sa passion d’obliger les églises d’Orient, elle ne leur rendra pas, non-seulement tous les services « qu’il leur conviendra d’accepter, » mais encore tous ceux qu’il leur conviendrait de refuser ?

Quant aux nestoriens et aux jacobites, le nouvel évêque de Jérusalem a pour instructions de se montrer encore plus prévenant pour eux. De plus, il y aura à Jérusalem un collége, sous la direction de l’évêque, destiné à élever les juifs convertis, et, s’il est possible, des chrétiens orientaux. Mais « aucun membre du clergé orthodoxe grec ne pourra être admis sans le consentement exprès de ses supérieurs spirituels. »

Quant aux musulmans, sans doute, comme on l’a dit, leur religion sera