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ÉTUDES SUR L’ALLEMAGNE.

vail et la hausse des salaires, tout le monde par la facilité des relations, l’accroissement de l’aisance générale, et l’élan nouveau donné à l’activité productrice dans un pays où elle n’était pas, à beaucoup près, au niveau des besoins, et dans lequel elle a pour long-temps encore le champ libre avant d’arriver à ce point où elle devient, par son exagération, un embarras et un danger.

Voyons maintenant quels ont été les effets de l’union quant aux finances des états qui en font partie. Il y a eu d’abord un premier bénéfice, résultat de l’économie apportée dans les frais de l’administration des douanes. En effet, l’union n’a à garder qu’une frontière de mille soixante-cinq milles allemands, tandis que celles des pays qui la composent avaient auparavant une étendue plus que double[1]. Or, en évaluant à 2,000 thalers (un peu moins de 8,000 francs) par mille les frais de surveillance annuelle, onze cent douze milles de moins à garder représentent déjà une économie de plus de 8 millions. Il faut ajouter à cela les avantages matériels et moraux résultant d’une diminution considérable de la contrebande, laquelle est devenue sans objet à l’intérieur depuis la chute des barrières qui séparaient tant d’états pressés les uns contre les autres. On calcule qu’environ trois millions de personnes ont été obligées d’y renoncer, et les caisses de l’union ont hérité de leurs gains illicites, ainsi que l’a prouvé une augmentation subite dans l’importation régulière de certaines marchandises. Reste à savoir si les bénéfices provenant de ces diverses causes et de celles que nous avons énumérées plus haut ont été suffisans pour que chaque gouvernement trouvât dans la part qui lui était attribuée sur le revenu général au moins l’équivalent de ce que lui procuraient auparavant ses douanes particulières. Or, si l’on en croit les documens les plus récens, les résultats de l’union ont été sous ce rapport décidément favorables aux états secondaires. La Prusse seule n’a pas vu toutes ses espérances réalisées, car, dans le congrès de douanes (Zollcongress)[2] qui a eu lieu à Berlin au commencement de 1841, cette puissance a évalué à 20 millions de thalers les pertes qu’elle aurait éprouvées depuis l’établissement de

  1. Le seul royaume de Prusse avait 1,073 milles de frontières ; la Bavière, 371 ; le Wurtemberg, 170 ; la Hesse électorale, 154 ; la Hesse grand-ducale, 161 ; la Saxe, 58 ; le grand-duché de Bade, 188 : total 2,175. Les autres petits états n’avaient pas de douanes, et ne doivent pas, par conséquent, être portés en ligne de compte.
  2. On appelle ainsi la réunion des plénipotentiaires des états associés, qui a lieu à certaines époques déterminées d’avance, et dans laquelle ou discute les intérêts généraux de l’union.