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conseiller à Méhémet-Ali une prompte soumission[1]. Il paraît cependant que M. de Metternich avait proposé d’ouvrir des conférences à Wiesbaden. Là-dessus, M. de Nesselrode fait observer simplement qu’il est impossible aux alliés de prendre l’initiative d’une ouverture quelconque à l’égard de la France[2]. Enfin l’Angleterre, qui ne craint pas de se montrer brutale au besoin, nous signifie que les évènemens de Syrie ont coupé court à toute discussion[3].

Dans sa lettre à M. de Bourqueney, M. Guizot proposait trois thèmes différens d’arrangement. C’est du moins ce qu’affirme lord Granville par une dépêche en date du 13 novembre.

« Selon le premier de ces projets, le gouvernement héréditaire du pachalik d’Acre aussi bien que de l’Égypte serait concédé à Méhémet-Ali. Aux termes du second, le vice-roi obtiendrait l’Égypte héréditairement et les pachaliks d’Acre et de Tripoli sa vie durant. Enfin le troisième lui donnerait le gouvernement héréditaire de l’Égypte, ainsi que le pachalik d’Acre et le gouvernement de Candie pendant sa vie. »

Dans une dépêche antérieure[4], lord Granville donnait les conclusions de M. Guizot :

« À moins qu’une compensation de ce genre ne soit faite par les alliés, la France ne peut concourir à aucun arrangement pacifique entre le sultan et le vice-roi, ni employer son influence pour déterminer Méhémet-Ali à accepter les conditions qui lui seront imposées. Vaut-il bien la peine, dit M. Guizot, pour le plaisir d’exclure le pacha d’Égypte du gouvernement de Candie, pendant le peu d’années qu’il lui reste à vivre, de s’exposer aux dangereuses conséquences qui peuvent résulter pour le monde entier d’une situation dans laquelle la France n’aura pas concouru au règlement de l’Orient ? car, on n’en peut pas douter, l’absence de ce concours rendra précaire un tel arrangement et livrera aux chances du hasard la paix de l’Europe occidentale.

La réponse de lord Palmerston fut péremptoire. Il repoussait, on l’a déjà vu, jusqu’à la pensée d’un arrangement ; mais il reste à dire dans quels termes, les voici :

« Je dis à M. de Bourqueney que le gouvernement de sa majesté était très désireux de voir la France s’associer à la quintuple alliance, mais que je tromperais M. Guizot, si je lui laissais supposer que l’Angleterre pût accorder quoi que ce fût au-delà du traité ; que le traité, ayant été conclu, devait être exé-

  1. Dépêche de lord Beauvale à lord Palmerston, Vienne, 14 novembre.
  2. Dépêche de M. Bloomfield à lord Palmerston, Pétersbourg, 11 novembre.
  3. Dépêche de lord Palmerston à lord Granville, Londres, 16 novembre.
  4. Lord Granville à lord Palmerston, Paris, 6 novembre.