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sures coercitives dont l’exécution a commencé, non que la France ait l’intention de séparer les moyens du but, mais parce qu’elle ne saurait voir dans les moyens adoptés ceux qui peuvent conduire au but avec sûreté ;

« 3o Qu’en conséquence la France ne saurait s’associer à l’emploi des mesures coercitives, mais qu’elle restera fidèle au principe de soutenir l’empire ottoman et le trône du sultan ;

« 4o Que dans le cas où l’évènement constaterait l’inefficacité des moyens coercitifs, et où par conséquent il résulterait de leur emploi des dangers pour la Porte ottomane, la France se déclarera prête à prendre en considération, avec la Porte et les autres puissances, les moyens les plus propres à secourir l’empire ottoman, et à mettre ces moyens à exécution selon les circonstances du moment. »

On a besoin de faire effort sur soi-même pour prendre cette note au sérieux. Le plan de M. de Metternich n’a pas même un côté plausible, et ce n’était guère la peine de se mettre, même par la pensée, à la place de M. Thiers, pour lui suggérer un expédient aussi ridicule de tous points. Que veut en effet, dans ce projet, le Nestor de la diplomatie ? Il nous propose d’assister lâchement à l’exécution d’un traité que nous n’approuvons pas, d’en prendre notre parti si elle réussit, et de venir au secours des alliés si elle échoue. Qu’aurions-nous pu faire de mieux si nous avions signé le traité du 15 juillet ?

Mais que dis-je ? Il aurait mieux valu avoir apposé notre signature à la convention de Londres que de nous rendre les éditeurs de la déclaration conseillée par M. de Metternich ; car ce traité avait certaines chances d’insuccès, et les parties contractantes, une fois l’épreuve faite, pouvaient refuser d’aller au-delà, tandis que la déclaration nous eût obligés à achever l’œuvre commencée par les quatre cours, et nous serions venus pour arranger, pour corriger des combinaisons dont la ruine devait être un triomphe pour nous.

Vers la fin de septembre, une négociation directe s’engagea entre les cabinets de Londres et de Paris. Le vice-roi, effrayé des démonstrations de l’Angleterre et cédant aux conseils de modération que lui donnait M. Valewski, se réduisit à demander pour lui et sa famille le gouvernement héréditaire de l’Égypte, avec l’administration des pachaliks de Tripoli, de Damas et d’Alep, durant sa vie et durant la vie d’Ibrahim. Il invoquait en même temps la médiation du gouvernement français, qui, sans accepter complètement ce mandat, crut devoir faire un dernier effort auprès de lord Palmerston.

M. Thiers s’en ouvrit d’abord à M. Bulwer, qui remplaçait lord Granville pendant son absence ; puis, ne le trouvant pas muni d’in-