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HISTOIRE DIPLOMATIQUE DE LA QUESTION D’ORIENT.

plein succès ; mais, à peine arrivé à Windsor, il se lassa du rôle difficile, il est vrai, qu’il allait remplir, et rentra sur-le-champ dans ses états.

Une troisième ouverture fut faite à M. de Metternich, qui, pressé par les plaintes de l’Allemagne et voyant se former, dans le conseil aulique, un parti très prononcé contre la politique dont le traité de Londres était l’expression, penchait encore une fois pour un arrangement qui réconcilierait la France avec les quatre cours. Voici le compte que rend lord Beauvale à lord Palmerston de cette phase des négociations. Cette dépêche est datée de Koenigswart, le 30 août.

« M. de Saint-Aulaire est venu ici le 28, ainsi qu’il l’avait promis, ayant reçu un courrier de Paris.

« Il a commencé par faire connaître au prince que, dans une conversation entre M. Guizot et le baron Bulow, celui-ci avait laissé entrevoir qu’un plan de réunion entre la France et les quatre puissances pourrait être mis en avant par le prince Metternich, pourvu que l’on en traitât à Vienne. À cette insinuation le prince a répondu aussitôt que l’Autriche ne consentirait pas à déplacer le siége des négociations.

« Tous les projets de réunion qui ont été communiqués jusqu’ici au prince Metternich avec la sanction d’un agent français, supposent que les quatre puissances commenceront par rétracter les actes qu’elles ont signés. Voilà ce que le prince Metternich déclare totalement inadmissible, en sorte que, si la France désire vivement que la réunion ait lieu, il faudra qu’elle cherche une autre combinaison.

« Suivant les rapports de Paris et de Londres, on croit et l’on espère que le prince Metternich présentera un plan pour amener cette réunion. Ce plan a déjà été proposé par lui. »

Le projet du prince Metternich fut connu en effet du gouvernement français vers les premiers jours de septembre[1]. On va voir quelle était la concession dérisoire à laquelle descendait, pour obtenir l’adhésion de la France, la magnanimité des quatre cours.

« Si j’étais le ministre français, voici la position que je choisirais :

« Après les éclaircissemens qui m’auraient été donnés, et après avoir pris connaissance du texte de la convention du 15 juillet, je déclarerais :

« 1o Que la France proclame aujourd’hui, comme elle n’a cessé de le faire jusqu’ici, son adhésion au principe qui sert de base à la convention ;

« 2o Que la France ne saurait en faire autant en ce qui concerne les me-

  1. Le texte du traité signé le 15 juillet n’a été communiqué officiellement à M. Guizot que le 16 septembre.