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HISTOIRE DIPLOMATIQUE DE LA QUESTION D’ORIENT.

voué la note du 27 juillet par les instructions remises, vers la fin d’août, à M. de Bouténief. Une année d’attente avait d’ailleurs prescrit cet engagement. L’Angleterre elle-même se considérait comme tellement libre pour sa part, qu’au moment où M. Guizot, apprenant le projet formé par le pacha de restituer la flotte turque au sultan, disait à lord Palmerston : « Il serait coupable de différer d’un seul jour le rapprochement ; » lord Melbourne disait de son côté à M. Guizot : « Qu’ils s’arrangent ; ils nous tireront d’un grand embarras. » À la même époque, le colonel Hodges écrivait d’Alexandrie, le 16 juin 1840, ces lignes, qui permettent de penser que tout le monde, y compris les agens de lord Palmerston, eût regardé comme un bonheur le succès de l’arrangement direct.

« Le vice-roi me dit : « Les intrigues ont été très actives en Syrie ; j’aurai à vous parler de cela plus tard. Quant à mes affaires avec la Porte, elles se termineront pacifiquement. Tout cela est à la veille d’être réglé. »

« J’assurai à son altesse que rien ne me donnerait une plus grande satisfaction que de voir conclure à l’amiable, entre lui et la Porte, un arrangement qui s’accordât avec les vœux et avec la politique des grandes puissances. En même temps je fis remarquer que, sur cette question, je n’avais pas reçu de nouvelles instructions de mon gouvernement.

« Méhémet-Ali ajouta : « Ce n’est ni de votre gouvernement ni des puissances européennes que j’ai reçu l’assurance que mes différends avec la Porte touchent à leur terme. Abdul-Medjid a exprimé le désir de mettre fin à nos dissensions. »

L’Angleterre avait déjà empêché l’arrangement direct en 1839 par la note collective du 27 juillet. En 1840, des promesses ne suffisaient plus ; elle signa, dans le même but, le traité du 15 juillet. Le plénipotentiaire ottoman, qui n’était dans la conférence que le très humble serviteur des quatre cours, Chékib-Effendi, adressa le 7 juillet à lord Palmerston, et sans doute à l’instigation de ce ministre lui-même, une note qui mettait les puissances en demeure de conclure cette convention. On y lisait :

« Le moment actuel semble décisif pour en venir à un arrangement satisfaisant. Méhémet-Ali, sentant les embarras de sa position, cherche à en sortir de manière à transiger directement avec la Porte et à écarter par là l’intervention des grandes puissances. Celles-ci, étant sincèrement amies du sultan, ne sauraient se laisser induire en erreur par cette politique perfide de Méhémet-Ali. Au lieu de perdre un temps précieux en délibérations trop prolongées, elles doivent au contraire en venir promptement à une décision, convenir entre elles, de concert avec le représentant de sa hautesse, decon-