Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 28.djvu/845

Cette page a été validée par deux contributeurs.
841
DE LA POLITIQUE DE LA FRANCE EN ITALIE.

et actif, qui passait, au moment de sa nomination, pour vouloir user de sa haute position autrement que comme d’un vain titre.

Si nous considérons les autres circonstances du royaume de Naples, elles ne sont pas moins exceptionnelles et moins heureuses. Le jeune roi qui est monté sur le trône en 1832 devait à son âge de n’avoir pas été mêlé aux dissensions des partis ; il a profité de cet heureux privilége pour les dominer tous, pour effacer la mémoire des anciennes discordes, pour mettre un terme à la disgrace et aux rigueurs qui pesaient encore sur quelques hommes compromis en 1824. Le fréquent retour de ces actes de clémence a prouvé qu’il ne s’agissait point de ces faveurs sans conséquence qui signalent habituellement les nouveaux règnes. Les sujets du roi comme le public européen y ont vu l’indice d’une sage politique, et avant tout l’inspiration d’un cœur généreux. Déjà cette conduite porte ses fruits ; des Napolitains qui ne se seraient point rencontrés autrefois dans un même salon servent en commun un roi qui a voulu ignorer le passé, qui ne tient compte que des services présens, et n’a demandé à personne le sacrifice de sa dignité. C’est ainsi que M. Poerio, l’orateur le plus distingué et non le moins libéral de la chambre des représentans de 1824, est, si je ne me trompe, avocat des conseils de la couronne. Le général prince Filangieri, ancien élève de l’École Polytechnique, ancien officier supérieur de l’empire, autrefois en défaveur pour ses faits d’armes et pour ses opinions, remplit à l’heure qu’il est les fonctions de ministre de la guerre. Il a travaillé avec le roi à l’organisation de l’armée napolitaine, particulièrement de l’artillerie, dont le matériel nombreux est exécuté d’après les meilleurs modèles et les dernières découvertes de l’art moderne, et supérieur, dit-on, au nôtre en quelques points. On lui doit également l’établissement d’une école militaire qui tient le milieu entre notre école de Saint-Cyr et nos écoles d’état-major. Un bureau d’officiers instruits se livre, sous sa direction particulière, à des travaux de stratégie militaire qui ont pour but la levée des plans et la défense de tout le royaume, ouvrage maintenant avancé et qui ne laisse rien à désirer.

On comprend qu’un gouvernement ainsi disposé et qui emploie des hommes aussi utiles a dû trouver quelque force pour faire le bien. En effet les finances de Naples ont été remises en bon ordre ; la sûreté la plus complète règne sur les routes et dans les campagnes situées en-deçà du Phare. Toutefois, si le gouvernement napolitain fait jouir ses sujets de ces biens si précieux, la tolérance, la sécurité des