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ture, il pouvait, il devait le faire, au moment de la rupture, pour le ministère du 1er mars.

Je constate qu’il n’y a pas, dans le bagage diplomatique de lord Palmerston, une seule sommation ni même un seul avertissement donné à la France, en vue du traité que l’Angleterre, la Russie, la Prusse et l’Autriche allaient signer. Le ministre britannique a gardé le secret le plus absolu sur un projet qui ne pouvait être loyalement accompli qu’à la condition de la publicité la plus complète et la plus étendue. Que ce soit un affront ou simplement un défaut de procédé à l’égard de la France, voilà ce qu’il serait oiseux de rechercher ; mais on ne saurait trop mettre en relief l’atteinte portée à l’honneur des puissances et de l’Angleterre particulièrement par le fait même du traité. Au moyen-âge, l’on dégradait un chevalier qui avait frappé son adversaire en traître dans un combat singulier. Le traité du 15 juillet n’est pas un coup de lance, c’est un coup de poignard. Qu’on abatte donc la bannière de la Grande-Bretagne, et qu’on la traîne honteusement dans la poussière, car le ministre qui la portait a fait une tache ineffaçable à l’honneur de ce noble drapeau.

Après les actes viennent les explications et les conséquences. Il nous reste donc encore à faire voir les fruits qu’a portés le traité du 15 juillet.


Léon Faucher.