Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 28.djvu/760

Cette page a été validée par deux contributeurs.
756
REVUE DES DEUX MONDES.

La restitution de la flotte turque devra être obtenue préalablement à toute négociation ; les agens consulaires des cinq puissances à Alexandrie l’exigeront de Méhémet-Ali, par une note collective, en lui donnant un délai de quarante-huit heures au plus, et, en cas de refus, ils quitteront Alexandrie. Si Méhémet-Ali ne se rend pas à cette démonstration, les puissances en viendront à l’emploi des moyens coërcitifs.

1o On empêchera tout bâtiment sous pavillon égyptien d’entrer dans le port d’Alexandrie ou d’en sortir, et la même mesure sera étendue aux ports de la Syrie.

2o On saisira, on retiendra et l’on gardera en dépôt tous les vaisseaux marchands, sous pavillon égyptien, que l’on trouvera soit en mer, soit dans les ports de la Syrie, où l’on pourra les capturer sans difficulté.

3o On prendra possession de l’île de Candie au nom du sultan, et l’on y établira l’autorité directe de la Porte.

4o On déclarera à Méhémet-Ali que les escadres combinées défendront l’empire ottoman contre toute attaque de sa part, comme pourrait le faire la flotte turque.

5o Dans le cas où la flotte turque stationnerait hors du port d’Alexandrie, les escadres combinées se placeront entre elle et le port, de manière à l’empêcher d’entrer, et se rendront maîtres de ses mouvemens.

Dans la dépêche, qui était adressée à lord Beauvale et que cet ambassadeur était chargé de communiquer à M. de Metternich, lord Palmerston allait plus loin et prévoyait le cas où les cinq puissances ne seraient pas également disposées à suivre les inspirations du gouvernement anglais.

« Le gouvernement de sa majesté est très désireux d’agir, en cette matière, de concert avec les quatre puissances, et il est prêt à faire quelques sacrifices d’opinion pour arriver à cette unanimité d’action ; mais si votre excellence trouve impossible d’obtenir le consentement unanime de vos collègues, vous êtes autorisé à agir de concert avec un nombre moindre que quatre, si vous reconnaissez qu’une action raisonnable et efficace a l’assentiment d’un nombre assez considérable des puissances pour assurer le succès. »

Ici lord Palmerston, ne comptant plus sur le concours de la France, qui devait repousser, en effet, plus tard cette seconde édition du plan de l’Angleterre[1], abandonnait évidemment notre alliance, car il

  1. « Le comte Sébastiani ne parut pas penser que son gouvernement voulût