Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 28.djvu/717

Cette page a été validée par deux contributeurs.
713
GUERRE ET NÉGOCIATIONS DE HOLLANDE.

de leur donner[1]. » Pour toute réponse aux propositions des deux rois, le prince d’Orange envoya cette déclaration des États[2].

Après avoir signé le traité d’Heeswick, les ambassadeurs anglais, ne se bornant point à unir les forces de leur pays avec celles de la France contre la république aux abois, cherchèrent à détacher le seul et faible allié qui l’eût encore secourue. Ils prirent congé de Louis XIV et se rendirent à Anvers. Là ils virent le comte de Monterey et lui représentèrent le danger auquel il exposait les Pays-Bas espagnols en assistant les Hollandais ; ils le menacèrent de la guerre s’il continuait à les défendre, et ils l’engagèrent même à s’emparer, pour le compte de son roi, des places où ses troupes avaient été admises comme auxiliaires. L’honneur castillan se révolta à cette odieuse ouverture, et le fils de don Louis de Haro répondit avec une fierté indignée : « Que la postérité ne reprocherait jamais au roi catholique d’avoir trahi des amis qu’il avait promis de secourir, ni à la nation espagnole d’avoir suivi un aussi détestable conseil[3]. »

Cependant le stathouder n’avait pas encore perdu tout espoir de détacher l’Angleterre de la France. Il essaya d’empêcher Charles II de ratifier le traité d’Heeswick en lui offrant toutes les satisfactions qu’il pouvait désirer. Lorsque M. Sylvius retourna en Angleterre, il le chargea de proposer à son roi le salut du pavillon tel qu’il l’exigeait, la propriété de l’île de Surinam, une subvention annuelle de 100,000 livres tournois pour la pêche du hareng, quatre millions pour les frais de la guerre, et la cession de l’Écluse comme garantie et jusqu’à l’accomplissement des autres conditions, s’il consentait à faire une paix séparée avec les Provinces-Unies[4]. Mais Charles II, fidèle à ses animosités contre la Hollande et à l’alliance française, rejeta ces offres et ratifia le traité d’Heeswick. Il ordonna aux députés hollandais qui étaient encore à Hamptoncourt et qu’il avait gardés comme otages de M. Sylvius, de sortir de son royaume, et

  1. Extrait des registres des résolutions des hauts et puissans seigneurs des États-Généraux des provinces-unies des Pays-Bas. Signé par le greffier, M. Gaspard Fagel.
  2. Dépêche de M. Colbert de Croissy à Louis XIV, du 11 août 1672. — « Il n’a pas seulement daigné, dit-il, donner des réponses aux conditions sous lesquelles votre majesté et le roi d’Angleterre voulaient bien lui accorder la paix ; mais il a envoyé un extrait du registre des délibérations des États-Généraux, par lequel il traite les conditions de dures et d’insupportables. » (Corresp. d’Angl., vol. CIII.)
  3. Manuscrit no XXVI, p. 178 du liv. XX de l’Histoire inédite de Wicquefort.
  4. Dépêche de M. Colbert de Croissy à Louis XIV, du 8 août 1673. (Correspond. d’Angl., vol. CIII.)