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qu’ils n’avaient pas d’ordre, mais promirent de se rendre à ce qui aurait été résolu par l’assemblée. Dans la Hollande septentrionale, les députés de Haarlem, d’Edam, de Monnikedam, de Purmerend, de Medemblik se rangèrent aux sentimens de la noblesse. Ceux d’Enkuizen et de Hoorn s’abstinrent d’émettre un avis faute d’y être autorisés. Mais les députés d’Amsterdam qu’appuyèrent ceux d’Alkmaar, s’élevèrent contre le parti pusillanime qu’on semblait sur le point de prendre. Enhardis par la sécurité que les eaux de la mer donnaient à leur ville inondée, ils déclarèrent qu’ils avaient toujours été pour la fermeté des résolutions, et qu’ils ne sauraient souscrire à un accommodement sur lequel on ne pourrait pas même s’entendre, car il faudrait acheter la paix des deux rois aux plus dures et aux plus ruineuses conditions. Ils opinèrent pour une résistance courageuse et opiniâtre.

Comme on était loin de l’unanimité nécessaire à une décision, les députés de la noblesse pressèrent ceux des villes de se mettre d’accord et les rendirent responsables des malheurs qu’entraîneraient leurs divisions et leurs retards. Alors les députés de Dordrecht, de Haarlem, de Delft, de Leyde, dirent à ceux d’Amsterdam qu’ils seraient de leur avis si Amsterdam était toute la Hollande, ou si toute la Hollande était comme Amsterdam ; puis ils les supplièrent de considérer le danger qui menaçait les autres villes, de songer qu’après qu’elles auraient succombé, la leur ne pourrait pas subsister toute seule, et de ne pas laisser échapper l’occasion qui restait encore de sauver la religion et la souveraineté des Provinces-Unies. Mais ils restèrent inflexibles, et l’on décida de donner vingt-quatre heures aux députés qui avaient besoin d’aller consulter leurs villes, et de se réunir le lendemain 26 juin dans la nuit.

Le lendemain on s’assembla à dix heures du soir. Mais les députés d’Amsterdam et de cinq villes de la Hollande septentrionale défendue contre l’invasion par le Zuyderzée, ne parurent point. Malgré leur absence, les États de la province de Hollande décidèrent à l’unanimité des députés présens qu’on donnerait des pleins pouvoirs pour traiter. Cette résolution fut alors portée à l’assemblée des États-Généraux des sept provinces, où elle rencontra de nouvelles difficultés. Les députés de Zélande, dont la province était couverte du côté de la mer par la flotte, du côté de la terre par la Hollande qui devait être entièrement subjuguée avant que l’armée française approchât de leur frontière, s’opposèrent à un accommodement et conseillèrent la résistance. Les députés d’Utrecht et d’Over-Yssel, dont les provinces