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GUERRE ET NÉGOCIATIONS DE HOLLANDE.

Groningue, non-seulement pour réitérer les mêmes offres à votre majesté, mais aussi pour la supplier de vouloir s’ouvrir à nosdits députés des conditions auxquelles il lui plairait nous donner la paix, et renouveler, à l’égard de cet état, la bienveillance dont elle et les rois ses prédécesseurs l’ont honoré ; ils les recevront avec le respect que nous devons à un si grand monarque ; et nous ne doutons pas qu’elle n’y trouve sa satisfaction ; nous espérons que votre majesté les écoutera favorablement, et la supplions de leur donner toute la créance qu’elle pourrait donner à des personnes qui, pour être tirées du corps de notre assemblée, sont parfaitement instruites de l’intention que nous avons à demeurer à jamais,

« Sire, de Votre Majesté,
« Bien humbles serviteurs,
« Les États-Généraux des Provinces-Unies des Pays-Bas,
« Signé : De Wreede.
« Par ordonnance d’iceux,
« J. Sponssen[1]. »


Les députés des États-Généraux, auxquels le maréchal de Turenne avait accordé un sauf-conduit et une escorte, arrivèrent le 22 juin au château de Keppel, près de Doësbourg, où se trouvait alors Louis XIV[2]. Ils furent reçus, le lendemain, par MM. de Louvois et de Pomponne. M. de Louvois leur demanda quelles offres ils apportaient au roi. Les députés lui répondirent que les États auraient cru manquer au respect qu’ils devaient au roi s’ils lui avaient fait offrir des conditions au lieu de les recevoir de lui. M. de Louvois, après avoir pris les ordres de Louis XIV, leur répliqua sèchement qu’on n’entrerait point en conférence avec eux à moins qu’ils n’eussent un plein pouvoir de traiter et de conclure. Il leur insinua cependant que le roi étant maître, par la conquête, des pays qu’il occupait déjà et devant bientôt l’être de ceux qu’il s’apprêtait à envahir, c’était à eux à voir ce qu’ils lui donneraient en échange, sans oublier de satisfaire ses alliés et de le dédommager lui-même des frais de la guerre[3].

  1. Correspondance de Hollande, vol. XCII.
  2. Lettre de Louis XIV à M. Colbert de Croissy, son ambassadeur à Londres, du 23 juin 1672. (Correspondance d’Angleterre, vol. CIII)
  3. Ibid.