Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 28.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
REVUE DES DEUX MONDES.

les meurtres qui en furent les résultats. On reconnaîtra que ces tristes effets n’ont eu pour motif que la défense sociale, et la société avait choisi pour principe et pour centre le seul élément politique qui subsistât. »

C’est cette simplicité, cette rigueur, et pour ainsi dire cette santé ferme du bon sens, qui caractérisent les compositions en prose de Lista. Hermosilla et Clémencin s’éloignent davantage du domaine philosophique, et rentrent dans le cercle plus restreint du commentaire et de la critique. Don José Mamerto Gomez Hermosilla, philologue et helléniste, est né à Madrid en 1771, et mort en 1837. Une bonne traduction en vers de l’Iliade d’Homère, avec des commentaires excellens, et plusieurs ouvrages didactiques, entre autres son Cours de critique littéraire, attestent une érudition vaste et un jugement exercé, mais peu d’originalité dans les vues et peu d’audace dans le style. C’est un bon professeur et un humaniste distingué, qui aime la sévérité de la pensée et la gravité des formes. Don Diego Clémencin, né dans la province de Murcie en 1765, et mort le 30 juillet 1838, traducteur et philologue comme Hermosilla, a laissé des œuvres d’un intérêt plus vif, plus neuf et plus général ; son Mémoire sur les histoires du Cid et son Commentaire sur Don Quichotte, en sept volumes, sont de véritables titres à l’estime et à l’admiration. Le commentaire sur le Don Quichotte offre une peinture tellement complète et détaillée des mœurs de l’époque, une analyse si bien étudiée du génie espagnol entre 1580 et 1630, que l’on peut regarder ce livre comme un précieux appendice historique plutôt que comme un travail de philologue.

À cette école que l’on doit nommer ancienne, dont peu de membres subsistent encore, et qui se trouve placée entre le XVIIIe siècle et les écrivains récens, se rattachent les orateurs et les publicistes : Galiano, né à Cadix en 1789 ; Gareli, avocat et publiciste, né à Valence en 1777 ; le comte de Toreno, né en 1787, à Oviédo ; Torres Amat, né à Sallent en 1772, historien et biographe ; l’économiste Florès Estrada, né en 1769, à Pola de Somiedo ; le publiciste Arnao, né à Madrid en 1780 ; Reinoso, né à Séville en 1770 ; Mora, né à Cadix en 1783 ; Marina, né en 1757 ; intelligences développées par le mouvement des affaires, le bruit de l’Europe, le contact des lumières françaises, et offrant plutôt la facilité et la justesse des développemens ou des reproductions que l’élan primesautier et la saillie spontanée du talent.

Parmi ceux que je viens de citer, Quintana et Lista ont écrit de