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HISTOIRE DIPLOMATIQUE DE LA QUESTION D’ORIENT.

votre famille, de votre excellence et du peuple placé sous votre direction, me détermine à vous annoncer sans délai, à vous ainsi qu’aux Syriens, au nom de son excellence l’ambassadeur anglais, que la Grande-Bretagne, l’Autriche, la Russie et la Prusse ont résolu d’aider le sultan à recouvrer la Syrie. À cet effet, le gouvernement de sa majesté a ordonné à la flotte anglaise de couper toute communication par mer entre Alexandrie et la Syrie, et de secourir les Syriens par tous les moyens possibles. Le sultan enverra des armes et des munitions pour seconder les efforts qu’ils feront pour reconquérir leur liberté. On prépare, avec autant d’activité qu’il est possible, d’autres mesures de protection et de secours.

« Les quatre grandes puissances ayant unanimement adopté cette résolution, votre excellence n’a rien à craindre. La prévoyance et les talens qui distinguent si éminemment votre excellence, lui feront comprendre sans peine les résultats de cette démarche qui doit amener la chute de Méhémet-Ali et la restitution de la Syrie au sultan ; dans ces évènemens, votre prospérité à venir et le bonheur de vos enfans dépendront matériellement de l’assistance et de l’appui que vous donnerez au sultan, qui, de son côté, promet fidèlement pardon et récompense à ceux qui rentreront dans le devoir. Les quatre puissances se chargent de procurer aux habitans du Liban les lois, les libertés et les priviléges dont ils jouissaient auparavant sous l’autorité de leur légitime souverain.

Ce qui me détermine à vous adresser cette lettre, c’est le désir que j’ai de vous faire accepter mes services et de porter en même temps à votre connaissance la détermination de la Grande-Bretagne en votre faveur et en faveur de votre peuple. En terminant, permettez-moi de rappeler à votre excellence les services qui lui furent rendus par sir Sydney Smith, et de vous assurer qu’un autre commodore anglais est prêt à vous assister de la même manière. » (13 août 1840.)

Deux jours plus tard, dans une lettre confidentielle adressée au même prince, M. Wood s’expliquait encore plus nettement, et promettait une sorte d’indépendance à l’émir Béchir, pour le cas où il abandonnerait Méhémet-Ali.

« L’ambassadeur britannique m’autorise à vous déclarer qu’outre la liberté qui vous sera accordée, vous recevrez la récompense de vos services passés et futurs, et que vous tiendrez votre autorité directement de la Porte, ce qui est un avantage digne de considération. »

Mais voici une preuve, que lord Palmerston ne récusera pas, du caractère purement anglais donné à la mission de M. Wood. Le 26 septembre 1840, cet agent est nommé vice-consul à Beyrouth ; on l’at-