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que nous ne cèderons jamais, et si ces propositions avaient l’appui de l’ambassadeur de France et le vôtre, nous pensons qu’Ibrahim-Pacha, à qui la conduite des négociations a été confiée par son père, oserait à peine les refuser. Je vous prie donc d’aller trouver avec ces propositions l’ambassadeur français, de vous concerter avec son excellence, et de prendre l’affaire dans vos mains. Je ne demande ni de son excellence ni de vous de vous rendre auprès d’Ibrahim-Pacha ; mais il me paraît que l’ambassadeur de France ne devrait pas faire difficulté d’envoyer l’ancien chargé d’affaires, M. de Varennes, qui, en présentant cette offre finale, l’appuierait par des explications assez positives des sentimens de l’Angleterre et de la France à l’égard de la Turquie, pour déterminer Ibrahim à conclure la négociation dans ces termes. Je vais demander au gouvernement la permission d’envoyer l’amedgi et le prince Vogoridi pour apprendre la résolution finale de son excellence sur ce point.

« J’y consentis, et je promis d’employer tous mes efforts pour déterminer l’amiral Roussin.

« À mon retour à Therapia, le lendemain matin, je vis l’ambassadeur français, et je mis en détail sous les yeux de son excellence les propositions du reiss-effendi. Il me dit qu’on ne le prenait pas par surprise, qu’il y était préparé, et qu’il était prêt à les adopter ; qu’il serait d’ailleurs bien aise de s’entretenir de cette affaire avec M. Vogoridi et avec l’amedgi ; que nous pourrions préparer nos lettres pour Ibrahim-Pacha, et que M. de Varennes partirait immédiatement pour le quartier-général de l’armée égyptienne.

« Le 29, l’amedgi et le prince Vogoridi se rendirent à l’ambassade de France à Therapia, et il fut alors convenu que M. de Varennes accompagnerait l’amedgi à Kutaya, ayant pour instructions d’appuyer les négociations que le plénipotentiaire turc était autorisé à entamer avec Ibrahim, et de lui déclarer que son altesse ne devait pas compter sur l’assentiment du gouvernement français pour la cession d’Adana, d’Itcheli, ainsi que des ports, et qu’en refusant de conclure la paix aux conditions que lui offrait la Porte, savoir l’administration de la Syrie entière avec les villes d’Alep et Damas, il offenserait le gouvernement français.

Il est inutile de reproduire la lettre de l’amiral Roussin, car ce n’est pas la France qui a décliné les conséquences de l’engagement contracté ce jour-là par les deux puissances occidentales à l’égard de Méhémet-Ali. Mais voici les conclusions de la lettre adressée par M. Mandeville, au nom de l’Angleterre, à Ibrahim-Pacha, le 29 mars 1833 :

Quant à la Grande-Bretagne, les sentimens du gouvernement de sa majesté sont trop connus aujourd’hui à son altesse Méhémet-Ali pour laisser dans son esprit le moindre doute sur l’impression pénible que donnerait un