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LA HOLLANDE.

en avait si grand besoin. Son désir était d’imaginer un mode d’administration qui, en ménageant les coutumes traditionnelles et les intérêts des Javanais, donnât à la Hollande tout ce qu’elle avait raisonnablement droit d’attendre d’une terre si vaste et si féconde. Ce mode d’administration, il le trouva après une étude patiente de la nature physique et morale de la colonie, et, après en avoir fait çà et là un essai heureux, il le mit à exécution dans toute l’étendue de l’île.

Les habitans de chaque tiatia étaient, comme nous l’avons dit, astreints envers leurs chefs soit à un travail d’une soixantaine de jours, soit à un impôt qui leur enlevait le cinquième de leur récolte. Daendel et ses successeurs avaient parfois doublé cet impôt et augmenté le nombre des corvées. Van der Bosch renonça entièrement à leur système, ainsi qu’au système de fermage établi par les Anglais. Il demanda à chaque communauté de lui abandonner la cinquième portion de ses champs de riz, d’ensemencer cette portion des plantes qui avaient le plus de prix en Europe. À cette condition, il l’exemptait de l’impôt, des corvées, auxquels elle était astreinte autrefois, et lui assurait même une part dans le bénéfice des denrées dont il exigeait la culture. Il déclarait en outre que, si la récolte venait à manquer, non point par la faute des ouvriers, mais par un accident quelconque, le gouvernement subirait cette perte et ne demanderait à la communauté aucune compensation. De la sorte, il dégrevait les Javanais des charges qu’ils avaient eu à supporter autrefois, et les intéressait à un labeur dont ils pouvaient retirer quelque fruit.

Ce premier point une fois réglé, il établit des fabriques et organisa les ouvriers en diverses sections. Les uns étaient chargés seulement de la culture des plantes, d’autres de leur récolte, ceux-ci de les porter à la fabrique, ceux-là de leur faire subir les préparations nécessaires pour les vendre plus facilement en Europe ; et comme ces derniers avaient un travail plus long et plus pénible que les autres, on leur donnait gratuitement à l’atelier une portion de riz et de sel. La plupart des fabriques furent confiées à des Chinois et à des Européens qui avaient appris à les diriger et qui y plaçaient des capitaux. Cependant le gouverneur, reconnaissant la répugnance que les Javanais éprouvent à travailler sous la surveillance immédiate des Européens, ménagea cette susceptibilité, et leur donna, autant que possible, des indigènes pour chefs.

Dans les districts où les habitans ne connaissaient pas la culture des plantes qui leur était imposée, on envoya des ouvriers habiles pour la leur enseigner. Dans ceux où la communauté refusait d’aban-