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troupes, ils découvrirent une conspiration dont le chef avait des affidés nombreux dans chaque district de Java, et dont le but était d’égorger les Européens. En suivant dans toute leur étendue les longues ramifications de ce complot, en luttant contre les princes révoltés et en examinant l’état de son budget, Raffles fut bien obligé de reconnaître qu’il s’était trompé dans ses plans de finance et d’administration. Les traités de 1814 vinrent fort à propos le tirer de sa perplexité. La Hollande rentra en possession de ses colonies.

Une commission générale, composée de MM.  Buyske, Elout, Van der Capell, fut chargée d’examiner l’état de Java. Après maint calcul et mainte délibération, après avoir tour à tour étudié le système de la compagnie, celui du général Daendel et celui des Anglais, elle résolut d’adopter au moins pour quelque temps ce dernier, et la Hollande le suivit pour son malheur pendant quinze ans. Le revenu des terres fut affermé aux chefs de chaque village ; ils divisaient entre leurs subordonnés le travail de culture et de récolte, et dans le cas où leur communauté ne suffisait pas pour faire ce travail, ils étaient obligés d’abandonner une portion de leur territoire aux habitans du village voisin. Chaque année, à l’époque de la récolte, le bail était renouvelé, et un contrat, rédigé en malais et en hollandais, en réglait les conditions. Les premières années de ce nouveau mode de perception furent très infructueuses. Les Anglais, soit par négligence, soit par haine pour les Hollandais qui devaient leur succéder, avaient laissé en partant un grand désordre dans leurs livres de compte. On trouva des baux faits à des époques irrégulières, des inventaires sans commencement ni fin, des quittances sans date, tout ce qu’il fallait enfin pour jeter le nouveau gouvernement dans l’embarras, et l’exposer ou à faire payer injustement deux fois les fermiers des différens villages, ou à perdre les arrérages qui lui étaient dus. Les commissaires hollandais, dans leur probité, préférèrent cette dernière chance, et, pendant trois années, tout bail indéterminé, toute réclamation douteuse, furent abandonnés. Il n’y eut de compte régulier qu’à partir de 1818.

Bientôt l’administration reconnut que le système de fermage adopté par les Anglais ne serait pas plus avantageux à la Hollande que ceux qui avaient été mis en pratique précédemment. Pour prévenir les pertes qu’elle était menacée d’éprouver, elle voulut joindre un produit de plus aux revenus ordinaires de l’année. Le café se vendait alors fort cher, elle obligea chaque village à planter un certain nombre de pieds de café, deux cents ou trois cents, selon l’impor-