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pes, il élevait des remparts et des forteresses, et ouvrait çà et là dans le pays de nouvelles voies de communication et de nouvelles routes.

Grace à cette justesse d’esprit, à cette probité austère et à cette énergie, Daendel accomplit, dans l’espace de quelques années, de grandes réformes et prit une imposante attitude. Il croyait toucher à son but, il avait établi son budget, et voulait que non-seulement les colonies ne coûtassent rien à la Hollande, mais qu’elles lui donnassent 10 millions de florins par an. Les circonstances trahirent ses efforts et firent échouer ses calculs. Les relations de Java avec la Hollande étaient entravées par les Anglais. L’Angleterre entretenait dans les mers des Indes une flotte puissante ; la Hollande, déchue de son ancienne puissance, n’avait que quelques vaisseaux. Par suite de cette situation, les denrées coloniales rapportèrent beaucoup moins que ne l’avait présumé le général Daendel, et les dépenses du pays s’élevèrent plus haut. Il en résulta qu’au lieu de l’excédant de recette que le général espérait obtenir, il éprouva, en 1808, un déficit de plus de 8 millions de florins, en 1809 de 2 millions, et en 1810 de 3 millions et demi.

Pour comble de malheur, Daendel négligea ou dédaigna d’employer les ménagemens dont la compagnie avait toujours usé envers les princes du pays. Deux d’entre eux se révoltèrent, et il s’ensuivit une guerre longue, sanglante, coûteuse. Sur ces entrefaites, Daendel fut rappelé en Hollande. Beaucoup de gens l’accusaient d’avoir mal compris sa mission ; mais, s’il eut des adversaires ardens, il trouva aussi des partisans zélés. Le fait est qu’il méritait plus d’éloges que de blâme.

Son successeur, le général Janssen, ne fit qu’un rapide séjour à Java, et n’eut le temps de rien réformer. Quelques mois après son arrivée, les Anglais s’emparèrent de la colonie. On eût dit que le nouveau gouverneur était venu là tout exprès pour les recevoir.

L’expédition que l’Angleterre dirigea, en 1811, sur Java, était commandée par lord Minto, qui, dans son orgueil britannique, amenait avec lui une cohorte de fonctionnaires auxquels il voulait donner des emplois dans le pays, tant il se croyait d’avance certain du succès de son entreprise. Il eut le bonheur, en effet, de prendre presque sans coup férir possession de Java, et il y installa, en qualité de gouverneur, Raffles, qui a publié sur la situation, les ressources et l’administration de ce pays, un ouvrage curieux, mais partial et trop hostile à la Hollande.

Le premier soin du nouveau gouverneur, en entrant en fonctions, fut d’examiner le système d’administration mis en pratique avant lui