cheveux blonds et fins, lissés en bandeau sur le front, se cachaient sous un bonnet de point d’Alençon, garni de rubans roses ; sa taille, svelte comme la tige d’un jeune bouleau, était serrée par une douillette de soie verte. Ces goûts d’élégante simplicité étaient tout ce que Louise avait sauvé de sa jeunesse.
— Toujours un peu de fièvre, dit le docteur en interrogeant le pouls de la malade.
— Une fièvre continue, docteur, une fièvre continue, répéta-t-elle avec découragement.
— C’est une azodès, madame ; vous avez une azodès, reprit gravement le docteur.
— Quelle horrible maladie ! s’écria Louise ; une azodès, dites-vous ? Qu’est-ce que cela, je vous prie ?
— L’azodès, reprit le docteur, est une fièvre continue.
— Mon Dieu ! dit Louise en se levant, que la science est une magnifique chose ! Prêtez-moi votre bras, docteur, et menez-moi un peu le long de ces haies dont le vent m’apporte les vertes senteurs. Vous dites donc, ajouta-t-elle en s’appuyant coquettement sur le bras d’Aristide, vous dites que j’ai une azodès ?
— Et j’ajoute, divine Louise, que nous pratiquerons de nouvelles émissions sanguines, afin de maîtriser la diathèse inflammatoire, dit le docteur d’un ton solennel.
— Tenez, cher docteur, répondit Louise en regardant Aristide d’un air suppliant, je ne vous demande qu’une seule chose.
— Demandez ma vie, madame ! s’écria-t-il avec chaleur.
— Eh ! mon Dieu ! je ne vous demande même pas la mienne.
— Tout mon sang est à vous, Louise ! ajouta le docteur en pressant le bras de la malade.
— Eh bien ! docteur aimé, dit Louise en souriant, gardez votre sang et laissez-moi le mien. Tout ce que je demande, ajouta-t-elle, c’est de pouvoir mourir tranquillement. Que le soleil est doux ! dit-elle en s’asseyant sur un tertre vert ; que l’air est enivrant et pur ! Les oiseaux gazouillent sous la feuillée, les insectes bruissent sous l’herbe, les herbes frémissent à nos pieds, et la brise semble confier de doux mystères aux fleurs qui s’entr’ouvrent pour les recevoir. Quel luxe ! quels parfums ! quels flots de sève et de vie débordent de toutes parts ! Toutes les joies s’éveillent et chantent sur la terre : c’est jour de fête sous le ciel, et, seule, je suis triste à pleurer.
La pauvre enfant fondit en larmes.
— Voyons, voyons, dit le docteur véritablement ému, il ne faut