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sition de la commission qui permet d’appeler aux délibérations du conseil d’état, sans leur conférer aucun titre, des membres des deux chambres et de l’Institut, et des fonctionnaires de l’ordre judiciaire, administratif ou militaire, en n’appliquant cette disposition qu’à la discussion des lois et règlemens d’administration publique, avec ou sans limite de nombre, mais sans permanence dans l’adjonction.


L’institution des auditeurs contribue à l’expédition des travaux du conseil d’état, mais elle doit être surtout considérée dans ses rapports avec l’administration générale. Les emplois de préfet, de sous-préfet, de secrétaire général ou de conseiller de préfecture, pour ne parler que de ceux-là, exigent des connaissances variées, l’habitude des hommes et des choses, et le sentiment des besoins publics combiné avec le respect des droits privés : leurs titulaires entretiennent avec le public de constantes relations ; ils influent sur ses intérêts les plus habituels, sur l’usage de certaines propriétés privées, sur la jouissance de tout le domaine public. Les rapports qu’ils savent établir contribuent plus qu’on ne saurait croire à appeler sur le gouvernement ou à lui faire perdre la confiance et l’affection des citoyens. Ce n’est qu’au conseil d’état que se peuvent acquérir les qualités nécessaires dès le début de la carrière. L’étude du droit administratif dans les facultés, malgré ses progrès incontestables, est encore très incomplète et s’arrête d’ailleurs à la théorie. Les conseils électifs sont de bonnes écoles pratiques, mais on y entre tard et l’on s’y exerce plus à la critique qu’à l’action : le conseil d’état seul, dans ses délibérations savantes et expérimentées, donne à ceux qui les suivent la science des lois et le secret de leur application politique et intelligente. J’ai vu d’anciens préfets dont l’administration avait été heureuse s’étonner des lumières nouvelles qui les frappaient, et reconnaître que, malgré un long exercice, ils y trouvaient encore beaucoup à apprendre. Les sous-préfets qui sortent du conseil d’état ont une incontestable supériorité sur ceux qui ont été privés de ce noviciat. On ne saurait donc trop encourager et fortifier l’institution des auditeurs. Mais elle a souffert des mêmes abus que le service extraordinaire. L’empire n’eut jamais plus de 48 auditeurs attachés aux sections du conseil, ce qui correspond aux auditeurs actuels ; la restauration n’en admit que 30 ; depuis 1830, leur nombre a été successivement élevé jusqu’à 80. À une certaine époque, chaque semaine en voyait arriver de nouveaux, qui encombraient les étroites salles des comités, si bien que, n’en sachant plus que faire et les voyant