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REVUE — CHRONIQUE.

Unis, plus difficile encore de dire quelle sera cette crise. Peut-être, ainsi que cela arrive souvent dans les choses humaines, le bien sortira-t-il de l’excès du mal. La France ne peut que faire des vœux bien sincères pour que les discordes s’apaisent, que les lois reprennent leur empire, et que l’Union retrouve cette assiette noble et digne qui l’avait placée si haut dans l’estime des nations.

La diète suisse, n’ayant pu rien terminer relativement aux affaires d’Argovie, s’est ajournée au 25 octobre. Sera-t-elle plus heureuse à cette époque ? Pourra-t-elle enfin se débarrasser d’une question qui touche aux deux religions qui se partagent la Suisse, qui agite les partis, et qui, à tort ou à raison, attire sur elle les regards des gouvernemens étrangers ? Malheureusement, au point où en sont les choses, toute décision paraît impossible, à moins que l’une ou l’autre des opinions extrêmes ne fît un noble sacrifice dans l’intérêt de la commune patrie. Ce bel exemple a été donné par le parti radical en 1833 ; il est juste de le rappeler à son honneur. Le renouvellera-t-il aujourd’hui ? Si les opinions extrêmes persistent dans leur avis, comme elles réunissent à elles deux 13 voix, il ne reste aux opinions intermédiaires que 9 voix : c’est dire que toute majorité en faveur d’une mesure de conciliation est impossible.

L’essentiel est de savoir si un nouveau délai ne deviendra pas une cause de trouble, nous ne voudrions pas dire de guerre civile. Dans un autre pays que la Suisse, avec les mêmes élémens de désordre, l’affirmative ne serait guère douteuse. Les Suisses sont de tous les peuples le moins soudain et le moins inflammable. C’est une nation accoutumée aux délais ; la médecine expectante lui convient. Il est donc possible que la paix publique ne soit pas troublée par un nouvel ajournement. Au 1er janvier, la présidence de la diète est dévolue au second avoyer de Berne, M. de Tscharner. Le président actuel, homme d’esprit, instruit, courageux, appartient à l’une des opinions extrêmes, à l’opinion radicale ; le rôle de conciliateur lui est impossible. C’est un inconvénient dans une assemblée où rien ne peut se faire, absolument rien, que par d’habiles transactions. M. de Tscharner est moins engagé dans la question, et, s’il ne peut pas modifier le vote de son canton, il peut du moins apporter dans la discussion un esprit de conciliation, et solliciter, comme président, un résultat utile au pays.

Le voyage du roi de Prusse à Varsovie paraît avoir attiré l’attention de quelques hommes politiques. Cependant une visite de quelques heures, employée à des revues, ne laisse pas supposer des négociations bien importantes.



— Le congrès des savans italiens vient de se réunir à Florence. Ce congrès est le troisième qui ait lieu en Italie. Il y a deux ans, on se réunit à Pise, et l’année dernière, à Turin. Mais aucune des deux assemblées de 1839 et de 1840 n’a