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à Angora atteste que le peuple des Tectosages reçut tout entier le surnom d’augustal, probablement en récompense des honneurs qu’il avait rendus à Auguste. Non contens d’avoir élevé un temple à Auguste, qui était regardé comme le nouveau fondateur d’Ancyre[1], les Galates en firent construire plusieurs autres en l’honneur des empereurs Nerva, Trajan et Caracalla. Les médailles et les inscriptions que l’on a découvertes en si grand nombre à Ancyre, attestent que le goût des jeux publics était devenu très populaire sous les Antonins. À cette époque, en Asie comme dans l’ancienne Gaule, les Gaulois s’étaient identifiés avec les Romains, comme plus tard les Romains se confondirent avec les Grecs sous l’empire byzantin. Le gouvernement de la Galatie était remis entre les mains d’un préteur ; elle fut aussi régie par un proconsul, mais on sait que dans les provinces, ces magistrats jouissaient des mêmes priviléges. Les ordonnances municipales étaient néanmoins promulguées au nom du sénat et du peuple des Galates.

Lorsque saint Paul parcourut l’Asie mineure pour prêcher le christianisme, les Galates furent de ceux chez qui la parole de l’apôtre fructifia le plus vite. L’église d’Ancyre fut une des premières qui s’élevèrent en Orient ; aussi reçut-elle le nom d’église apostolique. Les évêques d’Ancyre figurèrent aux conciles de Nicée et de Chalcédoine. Deux conciles furent tenus, en 314 et en 358, dans la capitale de la Galatie. Les Notices ecclésiastiques divisent la Galatie en seize évêchés sous deux dénominations, la Galatie-Salutaire et la Galatic-Consulaire. Ancyre appartenait à cette dernière province.

De toutes les églises byzantines dont cette ville était ornée, il n’en reste plus qu’une seule, qui fut dédiée à saint Clément d’Ancyre, martyr de la foi sous le règne de l’empereur Dèce. Le plan et la construction générale de cet édifice indiquent qu’il est postérieur au règne de Justinien. Il était orné de peintures et de mosaïques qui ont été presque toutes détruites par les Turcs.

L’histoire d’Ancyre pendant la période byzantine se résume en quelques faits peu importans. C’est dans cette ville que l’empereur Jovien prit la pourpre impériale, qu’il ne porta que peu de jours, car il mourut avant d’arriver à Constantinople. Julien fut accueilli avec de grands honneurs à son passage à Ancyre. On a pensé que la colonne triomphale, qui subsiste encore, a pu être élevée en l’hon-

  1. Voy. le grammairien Tzetzès, 131.