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LES GAULOIS EN ASIE.

depuis moins de six années. Les Romains avaient trouvé une administration et un gouvernement qu’ils avaient conservés ; les Gaulois, uniquement occupés d’expéditions guerrières, n’avaient guère songé à doter leurs villes de monumens superbes. Des châteaux élevés sur la pointe des rochers et quelques huttes à l’entour, c’était à peu près tout ce qui composait l’ensemble de leurs cités ; c’est encore ce que l’on voit dans toutes les parties de l’Orient. Les Romains portèrent chez les Galates le goût des théâtres, des jeux et des courses, qui se ranimait à Rome avec plus d’intensité à mesure que les rapports entre Rome et l’Orient devenaient plus fréquens.

Ce qui rend l’Augusteum d’Ancyre un monument des plus précieux pour les antiquaires, c’est qu’il nous a conservé une copie du célèbre testament d’Auguste inscrit par ses ordres sur deux tables de bronze, et confié à la garde des vestales à Rome. Un exemplaire de ce testament fut envoyé à Ancyre, selon la volonté de l’empereur, et gravé dans l’intérieur du pronaos du temple qui lui était dédié. Ce curieux document a été rapporté pour la première fois en Europe en 1554 par Busbeque, ambassadeur d’Allemagne près la Porte ottomane. Un autre exemplaire, rapporté en 1689, copié avec soin, a été publié vers la même époque. Tournefort a copié, en 1701, cette même inscription, qui depuis a beaucoup souffert de l’injure du temps et des hommes, car, en Asie comme en Italie, les monumens antiques ont été l’objet d’investigations entreprises par l’ignorance pour chercher des trésors imaginaires, et souvent, faute de mieux, les avides et patiens dévastateurs des monumens se sont bornés à faire des trous dans les murs pour retirer quelques crampons de bronze ou de fer qui retenaient les pierres. L’inscription Ancyre a été criblée de trous faits dans cette intention, et présente aujourd’hui des lacunes assez notables ; mais, en collationnant les copies publiées avec l’exemplaire original, il est facile de s’assurer qu’elles offrent toute l’exactitude désirable. Quelques mots déjà effacés à cette époque ont été restitués avec intelligence, et ne doivent pas avoir altéré sensiblement le sens de l’inscription primitive. Sur le mur extérieur de la cella se trouvent les débris d’une autre inscription en langue grecque, qui mentionne tous les embellissemens faits par les ordres d’Auguste dans différentes villes de l’empire.

Nous savons peu de choses sur le collége de prêtres augustaux attachés au service du temple ; mais une inscription qui existe encore