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LES GAULOIS EN ASIE.

partage. C’est alors que le nom des Galates commençait à se répandre en Orient ; les exploits des tribus guerrières qui, sous la conduite de Brennus, avaient ravagé la Grèce et parcouraient la Thrace en rançonnant les villes, portaient la terreur au milieu des populations. En abandonnant la Grèce après la mort de Brennus, les Gaulois se séparèrent en deux corps ; l’un resta dans la Dardanie, l’autre traversa, les armes à la main, la Thessalie et la Macédoine, vivant de pillage et de contributions levées sur les habitans. Ce dernier corps, fort de vingt mille hommes, reconnaissant pour chefs Léonorius et Léontarius, arriva jusqu’à Bysance, rendit tributaire toute la côte de la Propontide, et, devenu maître de Lysimachie, dont il s’était emparé par surprise, il s’établit dans la Chersonèse et descendit l’Hellespont. La vue des riches campagnes de l’Asie, dont ils n’étaient séparés que par un détroit, donna à ces Gaulois le désir d’y former un établissement. Ils députèrent quelques-uns des leurs vers Antipater, qui commandait sur cette côte. Le bruit de leurs exploits les précédait en Asie, et Antipater, n’osant pas leur résister ouvertement, suscita de continuelles difficultés pour gagner du temps. C’est à cette époque qu’il faut rapporter la tentative que firent les Gaulois pour s’emparer de la Troade ; mais cette province avait été tellement ravagée par la guerre, qu’ils ne trouvèrent pas une place susceptible d’être mise en état de défense. La ville d’Alexandria-Troas n’était alors qu’un bourg avec un temple de Minerve ; elle dut son accroissement aux bienfaits d’Hérode Atticus. Lorsque les Gaulois arrivèrent, ils trouvèrent cette ville sans murailles et ne voulurent pas s’y établir.

Les négociations entamées avec Antipater ne recevant aucune solution, les tribus commandées par Léontarius s’emparèrent de quelques barques et passèrent en Bithynie[1]. C’était au moment où Nicomède s’apprêtait à faire la guerre à son frère Zipœtès. Le roi de Bithynie les reçut plutôt comme des alliés que comme des ennemis, heureux de pouvoir compter sur le secours d’étrangers dont la valeur faisait trembler des peuples amollis et habitués au joug. Nicomède appela en Bithynie le corps des Gaulois de Léonorius qui était resté près de Bysance, et, fort de ces auxiliaires, il eut bientôt réduit les rebelles.

Le traité signé entre Nicomède et les Gaulois nous a été conservé par Photius[2]. Les Gaulois devaient demeurer toujours unis par les liens de l’amitié avec Nicomède et sa postérité. Il leur était interdit

  1. A. C. 281 ans. Strab. — 278 ans. Pausanias.
  2. Memnon apud Photium, 720.