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DE LA CRISE ACTUELLE EN ANGLETERRE.

que diminution sur les prix actuels, les droits des douanes deviennent plus productifs. Quelques mots maintenant sur chacune des trois mesures et sur leurs antécédens.

Jusqu’en 1808, le bois du Canada et les bois de la Baltique payaient les mêmes droits à l’entrée et luttaient à armes égales sur le marché intérieur ; mais dans un temps où fleurissait presque sans contestation le système protecteur, une telle égalité ne pouvait subsister, et les propriétaires d’Amérique eurent soin d’y mettre ordre. En 1809, le droit sur le bois du Canada fut donc presque supprimé, et en 1810 le droit sur le bois étranger presque doublé. En 1813, ce dernier fut encore augmenté de 25 pour 100, et ne monta pas à moins de 3 liv. st. En 1821, il parut qu’on avait dépassé le but, et les droits furent définitivement fixés à 65 sh. sur les bois étrangers, et à 10 sh. sur les bois du Canada. Avec un tel tarif, il est évident que le bois du Canada continua à exclure le bois étranger, et que les constructeurs anglais durent, comme sous le tarif précédent, payer plus cher un bois qui vaut moins, afin d’enrichir certains propriétaires. N’en serait-il pas encore de même sous le tarif proposé par le ministère, et qui d’un bois à l’autre laisse subsister l’énorme différence de 20 à 50 sh. ? Cela est assez probable, et c’est ce qui fait que, des trois mesures, celle-ci n’a excité en général ni blâme ni approbation. Tout ce que l’on peut en dire, c’est que le principe en est bon.

Voilà pour le bois. Quant au sucre, l’Angleterre n’a pas, ainsi que la France, l’extrême bonheur de posséder un sucre indigène qui, comme on le dit, met en mouvement deux ou trois fois plus de travail qu’aucun autre, c’est-à-dire coûte deux ou trois fois plus à produire. Il n’y a donc de lutte qu’entre le sucre des colonies anglaises et le sucre des colonies étrangères. Toutefois les mesures ont été parfaitement prises jusqu’ici pour que celui-ci, bien que nominalement admis, fût réellement exclu du marché. Après de fréquentes variations, le droit sur le sucre des colonies anglaises, qui était, sous la reine Anne, de 3 sh.d. (4 fr. 40 c.) par quintal de 112 livres anglaises (50 kilog.gr.), en 1780 de 6 sh.d. (8 fr. 50 c.), en 1791 de 15 sh. (19 fr.), en 1799 de 20 sh. (25 fr.), en 1806 de 30 sh. (37 fr. 50 c.), fut en 1831, lors de la révision du tarif, fixé à 24 sh. (30 fr.). Mais à cette époque même, bien que M. Huskisson eût passé par les affaires, on maintint sur le sucre étranger le droit énorme et vraiment prohibitif de 63 sh. (79 fr.). Or la consommation anglaise est, on le sait, de 4 millions de quintaux environ. C’est donc, en supposant entre les deux sucres une différence moyenne