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a pour base l’élément dit primitif ou plutôt volcanique, en partant du grès voisin d’Edfou et passant tour à tour des schistes aux granits, de ceux-ci aux trapp, serpentine, basalte, et à leurs composés, qui semblent n’avoir été dans leur état primitif qu’un limon jeté hors de terre à l’état de boue, remué et durci à différens degrés par le feu subjacent ; le tuf volcanique apparaît aussi au centre de cette région montagneuse, où il montre çà et là ses dômes culminans. La pente générale des vallées se dirige vers le Nil, et ce n’est qu’aux approches de la mer Rouge, entre le Gebbel-Zabarah et Sekkêt, situé à une journée vers le sud, que le versant des vallées prend une direction opposée en inclinant vers la mer Rouge et l’est. La mer n’est qu’à une journée de Sekkêt, auprès du Gebbel-Kébrîjt (la montagne de soufre), dont elle baigne le pied et dont la présence achève de caractériser la formation plutonienne et volcanique du terrain compris entre le Nil et la mer.

Du Gebbel-Zabarah j’ai voulu poursuivre encore jusqu’à Sekkêt ; c’était une journée de plus, et il n’a tenu qu’à mon excessive fatigue et au dépit d’être vainement venu de si loin, que je ne continuasse jusqu’à la montagne de Soufre. Qui sait même où je me serais arrêté, une fois lancé ? Mais je ne pouvais plus me tenir, ni debout, ni assis, et déjà les nuits ne suffisaient plus à réparer mes forces. Je fis donc de Sekkêt mon point d’arrêt. Il y avait là aussi des mines d’émeraudes, dont l’exploitation paraît avoir eu quelque activité du temps des Grecs. Ils y ont laissé deux petits temples ou spéos de style dorique, taillés dans le tuf, et un certain nombre de maisons appartenant aux ouvriers mineurs, et bâties avec une régularité, un soin remarquable. Les auteurs des cartes que j’ai sous les yeux ont appelé ce lieu Sekkêt-Beudar-el-Kébir, et en font une ville ruinée ; cela est aussi vrai que les inscriptions hiéroglyphiques indiquées pour la mystification des pauvres voyageurs. Au sujet des prétendues inscriptions, j’ai vu, il est vrai, en plusieurs endroits, des images de barques ou de chameaux, grossièrement tracées sur quelques roches, mais ce n’est pas là ce qu’on appelle des inscriptions hiéroglyphiques. Je dois même ajouter qu’à partir de quelques heures, au sud du petit temple égyptien que j’ai mentionné en commençant, les rochers ne présentent plus aucune surface qui permette d’y rien graver, leur composition n’offrant que des matériaux feuilletés ou délités par fragmens cubiques de petites dimensions.

Les deux petits temples-spéos de Sekkêt n’ont été qu’ébauchés, sans autre ornement qu’un simulacre de globe, avec les uræus