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GALILÉE.

pour un temps égal avec une augmentation de traitement. Son enseignement avait tant de succès, que plusieurs princes du Nord quittèrent leur patrie pour aller écouter cet illustre professeur : de ce nombre fut Gustave de Suède. Galilée était suivi constamment par des élèves avides de l’entendre, et tellement nombreux qu’on ne trouvait point de salle assez vaste pour les contenir tous. Ils l’entouraient même à table ; et, comme ce grand homme n’avait guère de linge, il donnait à ses trop nombreux convives des feuilles de papier en guise de serviettes. Ses leçons sur la nouvelle étoile du Serpentaire eurent surtout un succès extraordinaire et lui suscitèrent de bien vives oppositions. Dans ces leçons, il s’était proposé de prouver, contrairement à la doctrine d’Aristote, que les cieux ne sont pas incorruptibles, puisqu’ils admettent des changemens. Cette étoile, qui fut visible pendant dix-huit mois, et qui disparut ensuite, avait été considérée par les uns comme une lumière située dans les régions inférieures du ciel, et par les autres comme une ancienne étoile. Galilée démontra que c’était une véritable étoile, et qu’on ne l’avait jamais vue auparavant. Il fut combattu à ce sujet par Cremonino et par Delle Colombe, péripatéticiens fanatiques ; ce fut là le premier motif de ses disputes avec Capra. Les leçons qu’il fit sur ce sujet n’ont pas été imprimées ; on en trouve un extrait dans la réponse de Galilée à Capra, relative au compas de proportion.

Dès sa première jeunesse, Galilée avait adopté le système de Philolaus et de Copernic, et en 1597 il écrivit à cet égard une lettre à Kepler, qui lui répondit en l’encourageant à publier ses méditations en Allemagne. Mais Galilée refusa de suivre ce conseil, dans la crainte, disait-il, d’être, comme Copernic, couvert de ridicule. Il y a dans cette réponse de quoi faire réfléchir sur la popularité dans les sciences ; car alors le véritable système du monde était tellement impopulaire, qu’en Allemagne on avait introduit l’immortel astronome polonais dans des farces où on lui faisait jouer le rôle de bouffon, et que Galilée dut affronter le ridicule et les sifflets pour annoncer aux hommes les plus sublimes vérités. Bientôt cependant, un instrument nouveau dont il devina la construction, et qu’il dirigea le premier vers le ciel, lui permit de donner à l’hypothèse du mouvement de la terre un plus grand degré de probabilité.

Après la publication du compas de proportion, Galilée avait continué avec un succès toujours croissant ses leçons à Padoue, sans cesser pour cela de s’occuper de physique et de mécanique. La chute des corps, l’isochronisme des oscillations du pendule, les centres