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l’accession de Charles Ier jusqu’à la mort de Pym, partirent de sa main. Ce ne fut pas sans raison que le peuple, avec son instinct divinateur des hommes, le nommait king Pym (le roi Pym). Il était roi, parce qu’il devinait le moment de l’action, frappait sans crainte, décidait le mouvement et entraînait tout.

Je le rapproche de Danton : une de ces figures éclairera l’autre ; mais je ne prétends ni écrire la vie complète de Danton ni l’assimiler à Pym, qui ne fut point placé à la même époque et au même rang dans le mouvement révolutionnaire. Les analogies qui se trouvent entre ces deux hommes naissent de leurs caractères et de leur capacité, non des évènemens extérieurs et matériels sur lesquels ils agirent. Danton organisa la révolte dans les masses, Pym organisa la résistance dans le parlement. L’un se servait d’un instrument nouveau et remuait un peuple ignorant de liberté ; l’autre employait une matière toute préparée, mais délicate et habituée depuis long-temps aux guerres parlementaires. Pym usa des formalités reçues pour tuer la vieille forme du gouvernement. Danton brisa violemment toutes les formes pour achever l’œuvre de Mirabeau et frapper la monarchie au cœur. Pym et Danton, qui n’avaient dans l’ame aucun fiel, ont commis des actes moralement exécrables ; l’un marcha sur le cadavre de Strafford son ami, l’autre laissa massacrer les victimes de septembre.

Pym, à la fin de sa carrière, commençait, ainsi que Danton, à perdre son ascendant ; il était usé ; le peuple le huait. Si Pym avait vécu plus long-temps, il lui aurait fallu lutter contre Olivier Cromwell, qui l’eût écrasé comme Robespierre écrasa Danton.

L’extérieur de Pym répondait à son génie politique et à ses actions. Il était corpulent et athlétique ; il avait la figure écrasée, le menton large, les traits sans délicatesse, mais étincelans d’intelligence et d’énergie, un sourire de bonne humeur, non sans finesse, errant sur ses lèvres épaisses, et l’œil à la fois vif et attentif[1]. Ce front, plus élevé que vaste, semblait trahir une résolution inflexible. Une moustache épaisse et soignée, un bouquet de barbe qui terminait le menton, des cheveux longs encadrant une figure expressive et fleurie, un costume plus riche et plus élégant que celui de ses collègues, attestaient les goûts voluptueux et les habitudes galantes de ce chef du peuple. Dans le portrait original que nous avons vu et qui date de cette époque, un gland de soie bleue rattache son justau-

  1. Voyez les portraits de Vertue, Lodge, et surtout celui de R. Edwards.