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des mains de son ami Dominique ; il fut envoyé par lui à Paris avec deux autres compagnons pour y remplir une mission importante. Ce fut lui qui établit à Palma le premier couvent des dominicains, au moyen d’une donation que lui fit le procureur du premier évêque de Mallorca, D. J. R. de Torrella ; ceci se passait en l’an 1231.

Une mosquée et quelques toises de terrain qui en dépendaient servirent à la première fondation. Les frères prêcheurs agrandirent plus tard la communauté, au moyen d’un commerce lucratif de toute espèce de marchandises, et des donations assez fréquentes qui leur étaient faites par les fidèles. Cependant le premier fondateur, frère Michel de Fabra, était allé mourir à Valence, qu’il avait aidé à conquérir.

Jaime Fabra fut l’architecte du couvent des dominicains. On ne dit pas que celui-ci fût de la famille du père Michel, son homonyme ; on sait seulement qu’il donna ses plans vers 1290, comme il traça plus tard ceux de la cathédrale de Barcelone (1317), et bien d’autres sur les terres des rois d’Aragon.

Le couvent et son église ont dû éprouver bien des changemens avec le temps, si l’on compare un instant, comme nous l’avons fait, les diverses parties des monumens ruinés par la mine. Ici reste à peine debout un riche portail, dont le style tient du XIVe siècle ; mais plus loin, faisant partie du monument, ces arches brisées, ces lourdes clés de voûte gisantes sur les décombres, vous annoncent que des architectes autres que Jaime Fabra, mais bien inférieurs à lui, ont passé par là.

Sur ces vastes ruines où il n’est resté debout que quelques palmiers séculaires, conservés à notre instante prière, nous avons pu déplorer, comme nous l’avons fait sur celles des couvens de Sainte-Catherine et de Saint-François de Barcelone, que la froide politique eût seule présidé à ces démolitions faites sans discernement.

En effet, l’art et l’histoire n’ont rien perdu à voir tomber les couvens de Saint-Jérôme à Palma, ou le couvent de Saint-François qui bordait en la gênant la muralla de Mar à Barcelone ; mais au nom de l’histoire, au nom de l’art, pourquoi ne pas conserver, comme monumens, les couvens de Sainte-Catherine de Barcelone et celui de Saint-Dominique de Palma, dont les nefs abritaient les tombes des gens de bien, las sepulturas de personas debe, comme le dit un petit cahier que nous avons eu entre les mains, et qui faisait partie des archives du couvent ? On y lisait après les noms de N. Cotoner, grand-maître de Malte, ceux des Dameto, des Muntaner, des Villalonga,