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LITTÉRATURE ANGLAISE.

ventru, dont la rotondité est, pour le roi Henri VIII, le texte de quelques mauvaises plaisanteries. — « Mon cher, lui dit-il, vous m’avez l’air d’avoir trop d’embonpoint ; on vous dégraissera. » — Dissimulation, placée tout à côté du clergé, et sa conseillère habituelle, lui dit alors : — « Taisez-vous. Je vais mettre mes lunettes et voir si l’on ne peut pas aller remuer le peuple :

« Peace, for with my spectacles vadam et videbo ! »

Depuis que Vidua Ynglond, comme disait l’évêque réformateur, adressait à Henri VIII ses suppliques, les réformes qu’elle demandait se sont opérées avec une liberté et une puissance que l’évêque ne prévoyait pas sans doute. En dépit des injonctions de ce roi, qui voulait que personne ne quittât le sentier tracé par lui, et qui faisait tomber la hache sur quiconque osait dévier à droite ou à gauche, fût-ce d’une ligne, l’examen royal a encouragé l’examen des sujets ; autour de l’église nationale, fondée par lui, mille églises se sont élevées. Le protestantisme a suivi son vaste cours ; ce n’est pas à nous d’en refaire l’histoire. Bossuet l’a tracée d’avance. Mais le grand écrivain catholique, pontife gallican du catholicisme, et debout comme gardien de la foi au pied du trône de Louis XIV, n’a ni dû prévoir, ni pu révéler les conquêtes futures du mouvement social auquel l’examen protestant présidait. Ce mouvement embrasse le nord de l’Europe tout entier, et comprend la révolution de 1688 en Angleterre, la fondation des États-Unis, toute la littérature anglaise et allemande depuis deux siècles, notre philosophie du XVIIIe siècle, et notre révolution de 1789. Cet ensemble de faits qu’on doit, pour être logique, ou condamner dans son ensemble, ou absoudre sans réserve, découle de la même pensée. La pensée est la source des faits, quoi qu’on en dise. Aujourd’hui, ce travail tout protestant, tout d’examen, est arrivé à son terme. La civilisation le réclamait autrefois ; devenu inutile, la civilisation l’abjure. Le protestantisme ou le génie de la critique perd du terrain dans toute l’Europe.

Un de ces écrivains qui spéculent sur la curiosité, et qui l’exploitent pour le bénéfice des libraires et pour le leur, après avoir publié les portraits et les caricatures des membres du parlement, vient de passer en revue les prédicateurs de la métropole britannique. Ses deux volumes (The metropolitan Pulpit, or sketches of the most popular preachers in London), ne se recommandent ni par la sagacité, ni par l’élégance, encore moins par la profondeur ; c’est une verbosité qui ne dit rien ; ce sont des détails dont la niaiserie étonne ; c’est la fidélité d’un rap-