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LA HOLLANDE.

sien ? » — Tu en as menti ! » dit le voyageur, et il tire son épée et le tue. Cependant, quand il a observé l’anneau, il croit aux paroles du chevalier ; il arrive plein de fureur et résolu de se venger. Cependant sa femme vient au-devant de lui, et le salue du regard et de sa voix angélique ; à son doigt, elle porte l’anneau de fiançailles, l’anneau que son mari ne croyait plus revoir, et en la retrouvant avec ce gage de fidélité, il la presse dans ses bras, et se jette à genoux, pour remercier le ciel.

Une jeune fille attend son amant qui demeure de l’autre côté du fleuve ; elle allume le flambeau qui doit lui servir de guide. Le flambeau s’éteint. Le jeune homme se met à la nage et se noie. Son amante va le chercher avec un pêcheur, et, en retrouvant son corps, elle se jette sur lui, l’embrasse et meurt.

C’est quelquefois aussi une idée plutôt qu’un fait, une idée si simple, qu’il est en quelque sorte impossible de l’analyser ; comme, par exemple, dans ce chant des Trois jeunes filles :

« Trois jeunes filles s’en allaient ensemble le long d’une forêt. Elles marchaient pieds nus sur la neige et la glace, et pourtant il faisait très froid.

« L’une d’elles pleurait amèrement ; les deux autres avaient l’humeur assez joyeuse, et elles lui demandèrent comment allait son amour.

« — Pourquoi me faites-vous cette question ? dit-elle ; trois hommes à cheval ont égorgé celui que j’aimais.

« — Si trois cavaliers ont égorgé celui que tu aimais, il faut choisir un autre amant, et vivre avec gaieté comme nous.

« — Comment pourrais-je choisir un autre amant, quand mon cœur est déchiré ? Adieu, mon père et ma mère, vous ne me reverrez plus.

« Adieu, mon père et ma mère, et toi, ma douce petite sœur, je veux aller sous les verts tilleuls où repose mon bien-aimé.

Je citerai encore cet autre chant qui paraît être fort ancien :

« Une jeune fille se levait le matin de bonne heure, et s’en allait sous les tilleuls pour attendre son amant, et son amant ne venait pas.

« Un jour, un cavalier s’approche d’elle et lui dit : Mon enfant, que faites-vous ici toute seule ? Venez-vous compter ces arbres verts ou cueillir ces fleurs ?

« — Non, je ne viens pas compter ces arbres verts ni cueillir ces fleurs ; j’ai perdu mon bien-aimé, et je ne peux en apprendre aucune nouvelle.

« — Si vous ne pouvez en apprendre aucune nouvelle, moi, je veux vous en dire. Il est dans la Zélande, et il aime plusieurs jolies femmes.

« — Si ce que vous dites est vrai, que le ciel répande ses bénédictions sur lui et sur toutes les jolies femmes qui l’entourent.

« Qu’est-ce que le chevalier tire de dessous son manteau ? Une belle chaîne en or. — Voyez, dit-il, je vous la donnerai si vous ne voulez plus penser à votre amour.