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m’étais promis à moi-même d’aller à Rennes inaugurer l’établissement d’une université bretonne ; du moins, les fondemens de cette université sont posés ; le temps, j’espère, fera le reste.

Ce que j’ai presque accompli à Rennes pour la Bretagne, je l’avais tenté à Caen pour la Normandie. Caen est évidemment la capitale intellectuelle de la Normandie. Il y a eu là autrefois une université qui a compté des hommes de beaucoup de mérite. Il serait facile d’y rétablir un certain mouvement scientifique et surtout littéraire. Il y a une faculté de droit, une faculté des lettres, une faculté des sciences, une école secondaire de médecine, que l’ordonnance du 13 octobre 1840 va développer encore ; mon dessein était d’y transporter la faculté de théologie de Rouen. L’ordonnance de translation existe, signée par le roi. Une faculté de théologie à Rouen est un germe stérile. Elle est isolée ; elle ne s’appuie point sur une faculté des lettres. Rouen est une admirable ville de commerce, mais nullement une ville d’études, encore bien moins d’études ecclésiastiques. Aussi cette faculté n’a-t-elle jamais produit aucun résultat ; elle est entièrement ignorée, et c’est presque en voulant la déplacer que j’ai appris aux habitans de Rouen son existence. Les cours ne se font pas ; l’archevêque y est contraire ; le doyen m’avait spontanément envoyé sa démission. À la lettre je l’ai trouvée morte ; j’ai voulu la recréer en la transportant ailleurs. J’ai offert à Rouen, au lieu de cette faculté insignifiante, une grande école intermédiaire que la loi impose à la ville, et qui lui serait d’une utilité incontestable. Au contraire, Caen est une ville où une faculté de théologie serait parfaitement bien placée, par les dispositions générales et l’esprit du pays, où la piété est en très grand honneur, à cause aussi du voisinage des trois autres facultés, qui fourniraient un magnifique auditoire à des prédicateurs de religion éloquens et instruits, comme déjà je les avais trouvés. Le recteur de l’Académie, M. l’abbé Daniel, avait pris à cœur cette affaire, et personne n’était plus propre que lui à la négocier habilement. Je fais des vœux pour qu’elle réussisse ; ce serait un grand avantage pour la Normandie tout entière, qui aurait aussi son université.

Successivement, j’aurais ainsi essayé d’établir dans le cœur de chacune des grandes régions de la France plusieurs facultés, liées entre elles, se soutenant et s’animant l’une l’autre, mettant en commun leur bibliothèque, leurs élèves, leurs lumières.

2o  Mais la base d’un tel système est l’institution des agrégés de facultés, en possession exclusive de suppléer les professeurs empê-