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HUIT MOIS AU MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

d’université bretonne à Rennes. Il y avait déjà à Rennes une faculté de droit et une faculté des lettres ; j’ai demandé à la chambre des députés les fonds nécessaires pour y établir encore une faculté des sciences et une faculté de médecine pour tous les départemens de l’ouest. La chambre a voté sans difficulté la faculté des sciences, et je n’ai pas perdu de temps pour l’établir et la constituer fortement avec un personnel d’élite. Le projet d’une faculté de médecine n’a pu être discuté, et je l’aurais reproduit à cette session. Je me serais présenté à la chambre des députés, appuyé d’une part sur l’ordonnance qui constitue solidement les écoles secondaires de médecine qu’on n’aurait pu m’accuser de vouloir détruire ; de l’autre, sur les vœux hautement exprimés de la Bretagne tout entière, excepté la ville de Nantes. La chambre des pairs, par l’organe de M. de Gérando, s’était prononcée nettement à cet égard ; elle réclamait le plus tôt possible une faculté de médecine à Rennes, et nous aurions vu si, à la chambre des députés, de petits intérêts de localité l’eussent emporté sur des vues nationales, sur l’expérience universelle, sur l’opinion de la chambre des pairs et sur les besoins de toute la Bretagne. En tout cas, la chambre aurait dû se charger elle-même de la responsabilité du rejet de cette loi, car je n’aurais pas hésité à la lui présenter. J’espère qu’au moins l’école secondaire de médecine de Rennes se ranimera dans l’atmosphère scientifique que va lui créer la faculté des sciences, et qu’ainsi il y aura, dans cette capitale intellectuelle de la Bretagne, avec un des meilleurs colléges du royaume et une grande école normale primaire, quatre belles écoles de droit, de lettres, de sciences et de médecine, où viendront se former tout ce qu’il y a en Bretagne de jeunes et nobles esprits aspirant à se distinguer. Il ne faut pas craindre les foules, c’est des foules que sortent les hommes supérieurs, parce que dans les foules seules il y a de l’ardeur, de l’émulation, de la vie. Quatre départemens de la Bretagne sur cinq ont voté des sacrifices pour la future école de médecine qu’un projet de loi, une fois présenté, leur a promise. La ville de Rennes a contracté l’engagement de consacrer un grand bâtiment académique aux facultés réunies. Avant de quitter le ministère, j’ai fait un envoi considérable de livres précieux pour la bibliothèque de ces facultés, et en particulier pour la nouvelle faculté des sciences. À ma prière, mon honorable ami, M. de Rémusat, ministre de l’intérieur, avait commandé un buste de Descartes, le plus illustre enfant de la Bretagne, pour la faculté des sciences de Rennes, et j’avais promis aux députés de la Bretagne, je