Page:Revue des Deux Mondes - 1841 - tome 25.djvu/390

Cette page a été validée par deux contributeurs.
386
REVUE DES DEUX MONDES.

imposées à personne et ne déforment pas le plan général des études, fondé sur la nature même des choses, sur l’expérience à la fois et sur une haute philosophie.

Par ce nouveau règlement d’études, je crois avoir donné une nouvelle preuve de ma haute estime pour l’enseignement des sciences et en particulier des sciences mathématiques. Sans doute mes propres réflexions et le profond sentiment de la dignité des sciences m’avaient depuis long-temps conduit à ce résultat ; mais je m’y suis d’autant plus attaché, que j’ai vu mes principes confirmés par l’imposante autorité de celui des membres du conseil royal qui est chargé de la direction des études mathématiques, M. Poinsot, ancien inspecteur-général des études, membre de l’Académie des sciences, et que la voix publique proclame comme l’un des mathématiciens les plus habiles de la France et de l’Europe.

En même temps que je m’efforçais de fortifier ainsi l’enseignement des lettres et des sciences, j’ai voulu fonder d’une manière sérieuse celui des langues vivantes Je leur ai donné trois années consécutives, à partir de l’âge où l’esprit, déjà formé par une certaine connaissance des langues anciennes, est apte à avancer rapidement dans l’étude plus facile des langues modernes. Je leur ai donné trois années, il est vrai, avec une seule leçon par semaine, mais avec une leçon de deux heures, qu’il serait mieux peut-être de diviser en deux leçons d’une heure chacune. J’ai moi-même tracé dans une circulaire le plan que doit suivre pendant ces trois années le maître chargé de cet enseignement.

Mais que pourraient produire ces améliorations, si les élèves auxquels elles s’adressent en définitive peuvent manquer impunément d’attention et de zèle, et ceux-là surtout qui tiennent de la munificence nationale le bienfait de l’instruction, et qui à ce titre devraient toujours être les modèles de leurs camarades ? J’ai donc prescrit qu’aucune promotion de bourse ne pût être accordée que sur des preuves de travail et de capacité, aux élèves qui seraient portés, d’après l’ensemble de leurs notes, sur la liste d’avancement ; car, si les demi-bourses doivent être données au mérite de la famille, toute promotion doit être le prix du mérite personnel de l’élève. J’ai voulu aussi que nul ne pût passer dans une classe supérieure sans avoir prouvé qu’il est en état de la suivre avec fruit, mesure décisive qui, bien exécutée, avec un juste tempérament de sévérité et d’indulgence, doit, après quelques années d’épreuves, délivrer nos colléges de cette foule de mauvais élèves, retardataires incorrigibles qui assistent aux