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nier que pût recevoir encore cette grande école[1], dont je m’honore d’être sorti, à laquelle j’ai si long-temps consacré mes soins, et qui désormais n’a plus besoin que d’un bâtiment digne d’elle, parfaitement approprié à son usage ; ce bâtiment, j’en avais moi-même arrêté le plan à l’aide d’un habile architecte, et je regrette de n’avoir pu le présenter à la chambre et donner à l’école normale ce dernier gage du profond intérêt que je ne cesserai de lui porter[2].

En même temps que je préparais de bons professeurs à l’enseignement des sciences naturelles, je constituais cet enseignement jusque-là si divers, si arbitraire, tantôt trop faible, tantôt trop fort ; ici, à Paris, annexé à la sixième, là à des classes très différentes. L’ancien programme avait soulevé d’unanimes réclamations. Grace aux conseils que m’ont donnés deux honorables membres de l’Académie des sciences, M. Beudant, inspecteur-général des études, et M. Milne Edwards, professeur-suppléant d’histoire naturelle à la faculté des sciences de Paris, j’ai pu rédiger un programme qui détermine le véritable but de l’enseignement des sciences naturelles dans les colléges, lui donne son vrai caractère et en fixe le plan. Mais une fois cet enseignement bien constitué avec le caractère général et philosophique qui lui appartient, il était impossible de le placer en sixième ; j’ai dû le mettre à sa véritable place, dans la première année de philosophie, entre le cours de physique et de philosophie qu’il soutient et qui le complète.

Ceci me conduit naturellement au service le plus effectif que je crois avoir rendu à la fois à l’enseignement scientifique et à l’enseignement littéraire ; je veux parler du nouveau règlement des études.

Ce nouveau règlement n’est pas autre chose que le retour, avec quelques perfectionnemens, au plan d’étude des lycées de l’empire, qui lui-même était la pratique perfectionnée des anciens colléges de l’Université de Paris. Depuis il avait été introduit diverses innovations, perpétuellement changeantes et chaque année modifiées, sans avoir encore pu satisfaire personne, dans le but d’entremêler l’enseignement des sciences et celui des lettres, depuis le commencement jusqu’à la fin des études. Le dernier essai joint l’histoire naturelle à la sixième, l’arithmétique et la géométrie à la cinquième, à la quatrième et à la troisième, la chimie à la seconde, la cosmographie à la rhétorique, etc., en donnant à cet enseignement

  1. Voyez l’ouvrage intitulé École normale, un vol.  in-8o ; Paris 1837.
  2. C’est le plan récemment présenté à la chambre.