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HUIT MOIS AU MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE.

teurs demandent, et je demande avec eux, que les arrêtés des conseils municipaux sur les deux points mentionnés soient soumis à l’approbation des sous-préfets et des préfets qui puissent prendre en main les intérêts des maîtres d’école. Une modificationt à l’article XIV de la loi de 1833 pourrait donc être présentée aux chambres ; elle suffirait aux seuls besoins pressans que l’expérience indique, et rendrait la condition des instituteurs publics au moins supportable ; car enfin il n’y aurait pas une commune rurale en France, où le maître d’école n’eût, au nom de la loi, un logement convenable dans la maison même de l’école, ordinairement avec un petit jardin, un traitement fixe de deux cents francs par an, un petit traitement éventuel sur lequel il pourrait compter, indépendamment de ce qu’il peut gagner encore à l’aide des divers services qu’il rend à la commune Ce n’est pas là, dans un village, une très mauvaise condition ; et dans les villes, on sait que la rétribution scolaire est fructueuse, et que presque toujours le conseil municipal accorde à l’instituteur public un traitement supplémentaire, double ou triple du traitement fixe.

J’avoue donc que je n’avais en vue aucune autre modification législative en fait d’instruction primaire. Quand on possède une bonne loi, d’excellentes ordonnances, d’excellens règlemens généraux, que reste-t-il à faire, sinon de les exécuter et d’administrer ? L’impulsion a été une fois donnée et bien donnée, il ne s’agit plus que de la continuer.

Le seul point dans l’instruction primaire où j’aie voulu mettre particulièrement la main, où j’aurais ardemment désiré réussir mais où le succès n’est promis qu’à une action persévérante et infatigable poursuivie pendant plusieurs années, ce sont les écoles primaires supérieures.

Les écoles primaires supérieures forment la partie la plus nouvelle de la loi de 1833. Je n’avais pas été le dernier à réclamer une instruction intermédiaire entre les écoles élémentaires, telles qu’elles étaient sous la restauration, et nos colléges.

« En France, disais-je en 1831, au ministre de l’instruction publique, dans mon rapport sur la Prusse[1] ; en France, l’instruction primaire est bien peu de chose : et entre cette instruction et celle de nos colléges, il n’y a rien ; d’où il suit que tout père de famille, même dans la partie inférieure de la bourgeoisie, qui a l’honorable désir de donner à ses enfans une éducation convenable, ne peut le faire qu’en

  1. Tome 1, page 306.