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POLITIQUE EXTÉRIEURE.

vacant que par mort, avancement, renonciation ou déposition canonique, laquelle ne pouvait être prononcée qu’après une procédure et par jugement.

C’est ce tribunal que la régence provisoire vient de supprimer, en même temps qu’elle a exilé le vice-régent de la nonciature apostolique.

Au moment de la mort de Ferdinand VII, la cour de Rome venait de rappeler le cardinal Tiberi, nonce de sa sainteté à Madrid, et de le remplacer par l’archevêque de Nicée. Le pape n’ayant pas reconnu la reine Isabelle, les bulles du nouveau nonce ne reçurent pas l’exéquatur (el pase). Le cardinal Tiberi, en prenant congé du nouveau gouvernement, se borna à demander qu’un vice-régent de la nonciature fût nommé pour expédier les affaires courantes, et proposa pour cet emploi don Francisco de Campomanès, qui fut agréé par la reine. Plus tard, don Francisco de Campomanès étant tombé malade, don José Ramirez de Arellano fut proposé pour le remplacer et également agréé par le gouvernement. Depuis cette époque, la nonciature proprement dite était restée vacante, et il en était résulté un grand désordre dans l’organisation ecclésiastique de l’Espagne, où il n’y a pas en ce moment moins de trente-huit siéges épiscopaux vacans ; mais enfin on avait vaqué au plus pressé, et il y avait encore quelque chose qui représentait, aux yeux des populations espagnoles, l’orthodoxie de leur gouvernement. Rien de pareil n’existe plus aujourd’hui, et aux maux de tous genres qui désolaient déjà ce malheureux pays est venu se joindre le plus terrible de tous, la menace d’une révolution religieuse.

Voici maintenant à quelle occasion ces mesures violentes ont été prises :

La junte de Madrid, pendant qu’elle exerçait l’autorité absolue qu’elle s’était arrogée après le glorieux pronunciamiento du 1er  septembre, avait illégalement suspendu de leurs fonctions trois juges du tribunal de la Rote et retiré à don José Ramirez de Arellano lui-même les fonctions de fiscal, qu’il n’exerçait plus d’ailleurs depuis qu’il était investi de la vice-régence. Aussitôt après la constitution de la nouvelle régence du royaume, don José Ramirez lui a adressé une exposition, en date du 5 novembre dernier, pour réclamer contre cet abus de pouvoir et demander que les juges suspendus fussent rétablis sur leurs siéges. Dans cette réclamation, rédigée avec une grande modération, le vice-régent de la nonciature rappelait en même temps d’autres usurpations du même genre, commises pendant