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LA
CHOUANNERIE EN BRETAGNE.

BOISHARDY.

I.

Placé entre le Morbihan, l’Ille-et-Vilaine et la Cornouaille, le département des Côtes-du-Nord était, pour ainsi dire, le point d’intersection des trois chouanneries bretonnes. Les royalistes y avaient d’ailleurs pour chef un des hommes les plus actifs et les plus entreprenans qu’ait jamais produits aucune guerre civile. Ce chef était un gentilhomme obscur, nommé Boishardy, qui avait vécu jusqu’alors uniquement occupé à chasser le loup et à courtiser les jeunes fermières. Les paysans, qui le craignaient à cause de sa force et de son audace, l’aimaient pour sa franchise familière, sa gaieté et ses élans d’une brusque bonté. Il ne s’était jamais donné la peine d’être meilleur ni plus mauvais que le hasard ne l’avait fait. C’était un de ces hommes d’instinct, destinés à devenir populaires, parce qu’ils ont le bonheur d’avoir à côté de chaque vertu un défaut qui la rend visible aux yeux grossiers de la foule, capables de mauvaises actions quand