Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/750

Cette page a été validée par deux contributeurs.
746
REVUE DES DEUX MONDES.

Prairie, où quand la guerre agitait leurs rivages
Les grands lords montagnards comptaient leurs clans sauvages
Et leurs noirs bataillons.

Noirs ! Il n’y a rien, au contraire, de plus éclatant que l’uniforme bariolé des clans écossais.

6o Répétitions. Certains mots reparaissent sans cesse. Je n’ose dire combien de fois j’ai compté le mot pencher. Le verbe tordre revient avec la même obstination fatigante, et se montre sous toutes les formes et dans toutes les acceptions, même les moins exactes, témoin ces vers :

C’est pour vous, dans ces bois, que de savantes mains
Ont mêlé les dieux grecs et les Césars romains,
Et, dans de claires eaux mirant les vases rares,
Tordu tout ce jardin en dédales bizarres.

7o Abus du verbe actif employé comme neutre.

Front pur, qui sur nos fautes penche.
..............
Puisqu’un dieu saigne au Calvaire.

8o Locutions insolites. Tortionnaire, adjectif pris comme substantif.

....Pourquoi le courroucer (le poète)
Et le livrer dans l’ombre à des tortionnaires ?

On ne dit pas un tortionnaire comme un incendiaire, et il y aurait peu d’avantage à le dire ; le mot est bien dur.

Ô rêves de granit ! grottes visionnaires !

Je ne suis pas bien sûr du sens. Je crois, cependant que par grottes visionnaires l’auteur entend grottes qui font apercevoir des visions. Cette acception nouvelle n’est pas heureuse. M. Hugo a dit bien mieux ailleurs : Ton œil visionnaire, c’est-à-dire ton œil sujet aux visions.

Nul danger, nul écueil !… Si ! l’aspic est sous l’herbe.

Si, comme particule affirmative, est de pure conversation et n’est pas entrée dans la langue écrite.

Un vase à forme étrange, en porcelaine bleue.