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française, nous avons lu ce nouveau volume avec défiance et la plume à la main. Au milieu des plus éblouissantes beautés en tout genre, nous avons eu le sang-froid de noter tous les passages qui nous ont paru autoriser les formidables accusations portées contre le poète. Nous avons été sans pitié, et cependant cette liste d’accusation que nous allons donner telle que nous l’avons dressée, n’est ni très chargée ni très longue. Il a fallu, pour ne pas nous perdre dans ce dédale, grouper les délits sous divers chefs.

1o  Images disgracieuses. Elles sont fort rares dans les Rayons et les Ombres. Je voudrais pourtant effacer ce vers :

Quand notre ame, en rêvant, descend dans nos entrailles.

J’en dis autant de cette strophe qui se trouve dans la première pièce. Le dernier vers surtout rappelle trop de récentes imitations de Juvénal :

Loin ces scribes au cœur sordide
Qui, dans l’ombre, ont dit sans effroi
À la corruption sordide :
Courtisane, caresse-moi !
Et qui parfois, dans leur ivresse,
Du temple où rêva leur jeunesse
Osent reprendre les chemins,
Et leurs faces encor fardées
Approcher les chastes idées
L’odeur de la débauche aux mains !

2o  Associations de mots bizarres :

Loin de vous ces chats populaires.

On doute s’il faut lire chats ou chants. On n’est tiré de perplexité qu’en lisant le second vers :

Qui seront tigres quelque jour.

3o  Abus du pluriel :

L’air était plein d’encens et les parcs de verdures
.................
À quoi bon féconder les éthers et les ondes ?
.................

Les verdures et les éthers sont également réprouvés par la physique et par la langue.