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REVUE DES DEUX MONDES.

LA MARQUISE, s’élançant vers Louise, et l’embrassant avec transport.

Ah ! quelle charmante surprise ! ma pauvre enfant !

LOUISE, tombant aux pieds de sa mère.

Ah ! maman, vous n’êtes donc pas malade ? Dieu soit béni ! on m’avait trompée.

JULIE.

Il a donc fallu vous tromper pour vous ramener vers moi, Louise ?

BOURSET.

Tu me le pardonnes, ma Louison. Tu n’es pas fâchée de voir que ta mère se porte bien ?

LOUISE, embrassant son père.

Oh ! mon papa, vous voyez que j’en suis bien heureuse. Maman, embrassez-moi aussi.

JULIE.

Vous m’avez fait bien du mal, ma fille !

BOURSET.

Point de reproches, s’il vous plaît ; ce jour est un jour de bonheur. Louise a eu tort de nous quitter. J’ai fini par découvrir sa retraite, et, grace à une ruse innocente, je vous la ramène. Elle doit être pardonnée le jour où elle rentre sous le toit paternel.

LA MARQUISE.

Mon Dieu ! que je suis heureuse de la revoir, cette méchante enfant ! Ah ! tu ne nous quitteras plus, j’espère !… Vilaine, est-ce que nous pouvons vivre sans toi ?

LOUISE.

Chère bonne maman !… Il faudra pourtant que je rentre ce soir. La règle de mon couvent le prescrit.

LA MARQUISE.

Comment ! la règle de ton couvent ? Est-ce que tu t’es faite religieuse, petite mauvaise tête ? Heureusement je vois que tu as un voile blanc… Voyez comme elle est jolie en novice ! Tout lui sied, c’est juste comme moi quand j’avais son âge.

LOUISE.

Je ne suis encore que postulante, bonne maman.

LA MARQUISE.

Qu’est-ce que c’est que cela ? postulante au noviciat ? Mais tu es donc folle, jolie comme tu l’es, de songer à prendre le voile ? Nous ne le souffrirons jamais.

BOURSET.

Nous causerons de tout cela plus tard, s’il vous plaît, mesdames. Ce n’est pas le moment ; il faut maintenant aller au bal, Louise ; j’exige que vous y veniez avec nous, mon enfant.

LOUISE.

Moi, mon père ! Oh ! mais c’est impossible !…