Page:Revue des Deux Mondes - 1840 - tome 22.djvu/649

Cette page a été validée par deux contributeurs.
645
L’HINDOUSTAN. — AFFAIRES DE CHINE.

« Elliot et les hommes de sa nation en Chine soumettent les expressions de leur plus profonde vénération pour le grand empereur. »


Un ancien employé de la compagnie des Indes à Canton, M. Hamilton Lindsay, a publié, sur la question de Chine, un petit écrit où, de son point de vue, il résume nettement les principales circonstances du démêlé entre les autorités chinoises et le surintendant. Les conclusions de M. Lindsay, tout exclusivement anglaises qu’elles puissent être, nous semblent indiquer avec assez de probabilité la marche que le gouvernement de la reine suivra pour arriver au but : nous les reproduirons donc avant de terminer ce que nous avons à dire, quant à présent, sur cette immense question.

Selon M. Lindsay, les conditions à imposer au céleste empire sont les suivantes :


1o Indemnité pour la valeur de l’opium livré par le capitaine Elliot, et pour toutes les pertes éprouvées par les sujets anglais, par suite de la cessation de commerce ;

2o Satisfaction de l’insulte faite à sa majesté dans la personne de son représentant.


Voilà pour le passé. Quant à l’avenir, le premier point et le plus important à obtenir pour le maintien de la bonne intelligence est un libre accès à la cour impériale, ce qui ne peut se faire que par la résidence d’un ambassadeur à Pékin. Ceci sera désagréable aux Chinois ; mais comme on peut montrer un précédent dans l’établissement d’une mission russe qui a résidé long-temps à Pékin, le gouvernement chinois pourrait céder sans se compromettre et s’avilir aux yeux de la nation. Ce point une fois obtenu, on arriverait naturellement à la conclusion d’un traité de commerce ouvrant aux Anglais un ou plusieurs ports du nord, et établissant un système défini de règlemens pour les relations futures. Bien des gens en Angleterre pensent que la possession de quelque île sur la côte de Chine, où les sujets de sa majesté britannique pourraient faire le commerce sous la protection du pavillon national, serait une chose désirable. De grandes et sérieuses objections, selon M. Lindsay, se présentent à l’adoption de cette mesure. Rien ne tendrait autant à dégrader le gouvernement impérial, aux yeux du peuple chinois, que la demande d’une telle concession, qui, même en ne considérant que les intérêts anglais, aurait une tendance funeste. Le but des Anglais en Chine