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L’HINDOUSTAN. — AFFAIRES DE CHINE.

Nous avons indiqué plus haut les symptômes d’hostilité latente qui, dans l’Inde anglaise, paraissaient se rattacher d’un côté à l’influence de la Perse et de la Russie, de l’autre à celle de l’Hindo-Chine. Cet état de choses exige une surveillance continuelle de la part du gouvernement, et ne lui permet pas de dégarnir de troupes les points intérieurs qui commandent le pays. En même temps, à mesure que les frontières de l’empire reculent dans une direction quelconque, l’occupation militaire des points les plus importans du territoire nouvellement acquis devient indispensable, et c’est ainsi qu’il a fallu procéder dans le Sindh, en Afghanistan, à Karnoul, à Djodpour ; c’est ainsi qu’il a fallu déposer le radja de Sattara et entretenir un corps d’observation sur les bords du Sutledge, pour être prêt à intervenir dans les troubles dont le Pandjab est menacé, depuis la mort de Randjît-Singh, par l’incapacité de Karrak-Singh, l’ambition de son jeune fils et les prétentions rivales des serdars sikhs. Les relations du gouvernement suprême avec la cour d’Ava ne sont pas amicales, mais il n’est pas douteux que les triomphes obtenus par l’armée anglaise dans l’Afghanistan auront fait réfléchir le souverain birman et considérablement refroidi son ardeur guerrière et ses projets de vengeance ; cependant il nous paraît probable que la lutte n’est que retardée. Les Anglais se verront forcés, avant long-temps, de se rendre maîtres du cours de l’Irrawadi, comme ils se sont rendus maîtres des cours du Barrampouter et de l’Indus, ou du moins de substituer un pouvoir ami à une domination hostile dans les pays situés au-delà du Barrampouter.

Le gouvernement anglais a fait de grands efforts pour mettre son armée dans l’Inde sur un pied tel qu’il devînt possible de satisfaire à toutes ces conditions. Il a fait plus encore. La rupture violente et imprévue de ses relations amicales avec la Chine, par suite de l’abolition du trafic de l’opium prononcée par l’empereur, a déjà amené des collisions sanglantes, et pourrait entraîner une longue guerre. Une expédition a dû faire voile du golfe du Bengale, à la fin de mars, pour les mers de Chine, avec des troupes de débarquement et un matériel considérable. De l’issue de cette expédition dépend en grande partie l’avenir du commerce anglais dans ces mers.

Cette grande affaire de Chine, qui mérite à tant d’égards d’être étudiée et suivie avec soin, a déjà donné lieu à mille conjectures, et amené la publication d’un nombre infini de pièces officielles, de renseignemens particuliers ; elle a fait éclore plusieurs plans de campagne, et les appréciations les plus diverses des causes qui ont provo-