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discipliné et dévoué à ses chefs, de celui qui n’était jadis qu’un maraudeur ou un pillard hardi. Le cypahi est bien payé ; il reçoit 7 roupies par mois (environ 17 francs) en garnison, et en marche une augmentation ou batta de 1 roupie 8 annas, ce qui porte sa solde à 21 francs à peu près. Il se nourrit lui-même, mais on a soin que le bazar (marché) du camp soit toujours bien fourni en grains, farine de bonne qualité etc. En santé, le cypahi est l’objet des soins, des égards, et (après de longs services, ou par suite de quelque action d’éclat) des distinctions les plus flatteuses[1], accompagnées d’une augmentation de solde ou de pension ; malade, il trouve dans les hôpitaux régimentaires des secours prompts et efficaces. En un mot, rien ne manque au comfort et au bien-être moral du cypahi pendant la période active de sa vie militaire ; et quand l’âge, les infirmités ou les blessures le décident à prendre sa retraite, cette retraite est entourée d’aisance, de considération et de respect.

Les classes principales de la population indigène contribuent toutes à la formation de l’armée. L’élément hindou domine dans l’armée du Bengale, et en général dans l’infanterie des trois armées. L’infanterie compte au moins 30,000 Radjpouts. La cavalerie se recrute en général de mahométans dans les trois présidences, et plus particulièrement dans celle de Madras. Chacune de ces présidences a son armée, complètement organisée et commandée par un général en chef[2]. Les trois armées forment ensemble l’armée de l’Inde, commandée en chef, en ce moment, par sir Jasper Nicolls, qui succède à sir Henry Fane.

L’armée régulière se compose d’Européens et d’indigènes commandés par des officiers européens. Les Européens se divisent en

  1. Le gouvernement anglais a institué deux ordres du mérite militaire destinés à récompenser les longs et fidèles services et les actions d’éclat des officiers, sous-officiers et soldats des troupes indigènes. Ces ordres portent les noms d’Ordre du Mérite et Ordre de l’Inde anglaise (Order of British India). Les premières décorations de l’Ordre de l’Inde anglaise ont été accordées en 1838.

    Shâh-Shoudjah, de son côté, a institué un ordre de chevalerie qu’il a appelé Ordre de l’empire Douranie, et dont les principaux officiers anglais faisant partie de l’expédition d’Afghanistan ont été décorés, il y a quelques mois.

    Le maharadjâh sikh, Randjît-Singh, avait dévancé Shâh-Shoudjâ dans la création de distinctions honorifiques à l’instar de celles d’Europe. L’Ordre du Pandjâb avait été conféré déjà, du vivant de Randjît-Singh, à plusieurs officiers de l’armée anglaise et à nos braves compatriotes au service du maharadjâh.

  2. L’armée du Bengale est distribuée dans la présidence de ce nom et dans les provinces de l’ouest. Le gouvernement des provinces de l’ouest n’a point d’armée qui lui soit propre.