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L’HINDOUSTAN. — AFFAIRES DE CHINE.

caractère particulier de férocité aux discussions théologiques. Au lieu de faire ressortir la vérité, elles ne font qu’enflammer le fanatisme.

« Toutes ces considérations s’appliquent avec une force particulière à l’Inde. Il n’est peut-être pas de pays où le gouvernement ait autant à craindre de l’excitation religieuse parmi le peuple. Les chrétiens sont en très petite minorité dans la population, et en possession des emplois les plus élevés dans le gouvernement, dans les tribunaux et dans l’armée. Sous leur domination se trouvent placés des millions de mahométans de différentes sectes, mais tous fortement attachés aux articles fondamentaux de la foi mahométane, et des dizaines de millions d’Hindous, fortement attachés à des doctrines et à des rites que chrétiens et mahométans réprouvent également. Un tel état de choses est rempli de dangers qui ne peuvent être évités que par une ferme adhérence aux vrais principes de tolérance et de modération. Le gouvernement anglais, avec un profond jugement et un succès non moins remarquable, a agi jusqu’à présent d’après ces principes, et sur ces principes nous proposons d’établir cette partie du code pénal. »

Depuis un temps immémorial l’impôt foncier a été la principale source des revenus du gouvernement dans l’Inde. Le revenu territorial, dans ce pays, est une sorte de redevance basée sur ce principe que la terre appartient au souverain, et qu’il a droit à une certaine portion du produit. La terre est donc affermée au cultivateur ; mais la nature du bail varie suivant les provinces, et les conditions générales de la transaction n’ont pas encore revêtu un caractère de permanence, de rationalité et de justice qui protége également les intérêts du cultivateur et ceux du gouvernement.

D’après les comptes soumis au parlement pour l’année 1836-37, l’impôt territorial (land revenue) s’élevait à 10,200,000 liv. sterl. (environ 260 millions de francs). La plus importante des autres branches de revenus, dans ces dernières années, avait été la vente de l’opium, qui, en 1836-37, n’a pas rapporté moins de 143 lacs de roupies ou à peu près 36 millions de francs ; le monopole du sel, qui, dans la même année, a réalisé au Bengale 90 lacs de roupies ou environ 22,500,000 francs ; viennent ensuite les droits perçus par la douane ou les octrois, qui paraissent s’être élevés à la même époque à 6 ou 7 millions dans cette présidence, etc.[1].

  1. Dans les présidences du Bengale et de Madras, et dans le gouvernement des provinces de l’ouest, les revenus excèdent de beaucoup les dépenses. Bombay est, au contraire, toujours en déficit. Ce déficit s’élevait en 1836-37 à plus de 7 millions de francs.