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L’HINDOUSTAN. — AFFAIRES DE CHINE.

d’un nombre variable de juges : ceux de la cour suprême indigène de Calcutta, au nombre de quatre, reçoivent un traitement moyen de 130,000 fr. environ.

Viennent ensuite les cours d’appel et de circuit, ou cours provinciales, présidées par des juges qui ont un traitement d’environ 100,000 fr., puis des cours de zillahs ou cours de districts, dont les membres reçoivent en général de 30 à 75,000 fr. par an, et enfin des tribunaux secondaires où siégent des magistrats choisis surtout parmi des indigènes, et qui sont désignés par le titre d’amines (divisés en principaux, sadder amines, et ordinaires) et de mounsiffs. Ces magistrats décident les causes de 500 roupies (1,250 fr.) et au-dessous. Leur traitement varie de 3,000 à 15,000 fr., selon l’importance de leurs fonctions.

Ces détails se rapportent plus particulièrement à la présidence du Bengale. Les autres gouvernemens ont également leurs cours de judicature anglaise et des cours indigènes analogues à celles dont nous venons de parler, mais qui, dans leur constitution et dans la manière dont elles administrent la justice, sont modifiées par des considérations particulières et des habitudes locales qu’on a sagement respectées.

Ce système judiciaire qui semble, au premier coup d’œil, devoir satisfaire aux besoins de la population, a été, nous le répétons, et est encore, à beaucoup d’égards, fort imparfait dans son application, ce qu’il faut attribuer surtout à deux causes : l’une était l’emploi exclusif, dans tous les tribunaux, de la langue persane, qui n’était ni la langue des juges ni celle des parties ; cette cause de confusion et d’injustice, reste d’un système imposé par la conquête, va disparaître dans toute l’Inde et a déjà disparu complètement au Bengale. La langue la plus généralement parlée dans les divers gouvernemens a été substituée au persan dans toutes les procédures. Une autre cause de la mal-administration de la justice (et nous y avons déjà fait allusion) est la grande étendue des juridictions dans un pays où beaucoup de provinces sont très peuplées et où la population est naturellement très processive. Le gouvernement suprême s’est occupé avec une louable sollicitude de remédier aux imperfections du système judiciaire et du système administratif. Sous l’administration philantropique de lord W. Bentinck, et maintenant sous celle de lord Auckland, de grands efforts ont été faits dans ce but. Un des résultats les plus importans déjà obtenus est, sans contredit, la révision des codes mahométan et hindou, et leur refonte en un seul code où l’humanité éclairée de l’Europe chrétienne vient en aide, autant que