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L’HINDOUSTAN. — AFFAIRES DE CHINE.

Dans l’état actuel des relations que la nouvelle charte a établies entre le conseil de l’Inde (board of control) et la cour des directeurs, les grandes mesures administratives et surtout politiques émanent du bureau, qui, en outre, exerce un droit de contrôle absolu sur toute la correspondance de la cour des directeurs. Quant à la correspondance générale, ce droit est mitigé par le droit de remontrance, que la charte reconnaît à la cour des directeurs ; et en ce qui concerne la correspondance secrète, les ordres du bureau, étant alors sans appel, doivent être transmis par l’intermédiaire du comité secret et revêtus des signatures des membres de ce comité, en sorte que les agens de la compagnie au dehors ne reconnaissent que l’autorité de la cour des directeurs, et ne correspondent qu’avec elle, quoique l’autorité suprême et l’initiative des grandes mesures appartiennent, comme nous l’avons dit, au conseil suprême des affaires de l’Inde, ou bureau de contrôle. Cette organisation manque, jusqu’à un certain point, d’unité, et conséquemment de force ; mais elle était peut-être la seule possible au milieu des circonstances tout-à-fait anomales où se trouvaient en 1833, d’un côté la compagnie, de l’autre le gouvernement royal. C’est une forme de transition par laquelle il était sage de passer, et qui ne nous semble pas devoir compromettre l’avenir de la domination anglaise dans l’Hindoustan. Sur quelques points de détail seulement, il y a eu et il y aura désaccord entre ces deux pouvoirs ; mais les bases de la transaction sont larges, rationnelles, simples et durables, et suffiront à maintenir le système actuel de gouvernement jusqu’au 30 avril 1854 (terme auquel expire la charte accordée à la compagnie) et au-delà, s’il le faut. La compagnie a fait au total une belle affaire en acceptant les conditions que le gouvernement lui avait offertes ; elle a abandonné, il est vrai, ses priviléges commerciaux, mais son commerce l’avait appauvrie, loin de l’enrichir. Toutes les propriétés mobilières et immobilières qui lui appartenaient au 22 avril 1834, ont été transférées à la couronne, mais elle en conserve l’administration. L’exploitation des immenses ressources de l’Hindoustan lui est concédée pour vingt ans au moins ; le dividende de ses actionnaires est payé sur les revenus de l’Inde, et garanti, en outre, sur un fonds de 2 millions sterling mis à part sur le montant de la réalisation de ses

    coûte à l’état environ 800,000 fr. par an. L’ensemble des traitemens payés à l’hôtel de la compagnie des Indes s’élève, d’après nos calculs, à près de 3 millions de francs par an.