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géologique et hydrographique de l’Hindoustan embrassé du point de vue le plus général.

Un pays dont l’étendue égale celle de la moitié de l’Europe doit nécessairement présenter une grande diversité de surfaces ; aussi depuis des siècles les voyageurs qui ont visité différentes parties de ce pays ont décrit ou indiqué, chacun de son point de vue exclusif, ce labyrinthe de montagnes et de vallées, de plaines fertiles, de déserts, de provinces peuplées, de forêts, de bassins fluviaux et de côtes. Il était à peu près impossible de se former, d’après ces données éparses, toujours incomplètes, souvent inexactes, une idée de l’ensemble des caractères physiques de ces contrées. C’est aux déterminations rigoureuses fournies, dans ces derniers temps, par la géodésie, la géognosie, la botanique, la climatologie, que nous devons la connaissance du vrai relief du pays, et c’est par le judicieux emploi des élémens qu’elles ont rassemblés qu’on a pu arriver enfin à la construction d’une carte tant soit peu exacte de l’Hindoustan. Le gouvernement anglais a fait exécuter dans ce but une série de travaux que l’on peut sans hésiter ranger au nombre des entreprises qui honorent le plus l’humanité[1]. Les énormes chaînes de l’Himalaya au nord et à l’est, avec leurs pics élevés de vingt-un mille à vingt-quatre mille pieds au-dessus du niveau de la mer, les Monts-Soliman qui terminent le bassin de l’Indus à l’occident, le grand désert de sable qui sépare le Sindh du Rajpoutana, les chaînes qui traversent le Rajpoutana, le plateau central de Malwa, les monts Vindhya qui se lient à ce plateau et à ses dépendances ; puis, au sud de cette chaîne, les groupes connus sous le nom de Gaths orientaux et occidentaux, et enfin les Gaths méridionaux, ou la chaîne qui se termine au cap Comorin : tels sont les traits géologiques les plus saillans de cette vaste contrée. Les terrains élevés y sont à l’ensemble des terres basses, d’après nos calculs, dans le rapport approximatif de 19 à 14. Toutes ces grandes formes de la nature sont traversées d’une multitude innombrable de courans d’eaux depuis les cimes les plus hautes jusqu’aux plages de l’Océan. Dans l’Inde du nord, toutes les sources et leurs ramifications infinies se partagent en deux systèmes gigantesques, celui de l’Indus et le système combiné du Gange et du Brahmapouttra. Le Dekkan ou l’Inde du sud est, au contraire, arrosé par une multitude de rivières bien

  1. Le grand Atlas de l’Inde, résultat principal de ces immenses travaux, et qui se publie par ordre de la cour des directeurs, est arrivé à sa trentième feuille. L’échelle en est d’un pouce par quatre milles anglais.