qui veut le bien à tout le monde. Mais elle a tort de haïr sa fille… car enfin, mamselle Louise est bonne… y n’y a rien de bon au monde comme mamselle Louise ! Vous voyez bien, monsieur ? vous lui faites des remontrances, et elle vous remercie. Quand on prend les gens par la douceur, à la bonne heure ! mais quand on les déteste sans qu’ils sachent seulement pourquoi…
Taisez-vous, Lucette. Oh ! fi ! ce que vous dites là est affreux.
Vous avez raison ; ne laissez jamais parler ainsi devant vous de votre mère ; cela doit vous faire bien du mal ?
Vous n’avez rien entendu, monsieur ; d’ailleurs, elle a menti.
Ne craignez rien de moi ; mais craignez que votre présence à la fête sous ce déguisement n’inspire à tout le monde les mêmes idées qu’à cette jeune folle, car espérer qu’on ne vous reconnaîtra pas est un rêve d’enfant : il suffira d’une seule personne…
Eh bien ! vous avez raison ; je n’avais songé, en écoutant le conseil de Lucette, qu’au danger d’être grondée, punie, et celui-là je le bravais ; mais celui de faire penser mal de maman, vous m’y faites songer, et je m’en vais… Adieu, monsieur !
Adieu, monsieur !
Vous teniez donc bien toutes les deux à voir cette fête ? ne devez-vous pas être rassasiées de ces sortes de spectacles, au milieu du luxe qui règne autour de vous ?
Oh bien oui ! nous n’en jouissons guère ! Dès qu’on s’amuse, on nous renvoie ; dès que nous avons envie de nous amuser, on nous enferme.
N’écoutez pas ce qu’elle dit, et ne croyez pas que j’aie aucun regret à ces plaisirs. J’en suis dégoûtée sans les avoir connus, car je sais ce qu’ils coûtent de fatigues à ceux qui les préparent ; mais j’avais une idée, aujourd’hui, une idée sérieuse, je vous assure, en venant ici.
Dites-la-moi ?
Oh ! qu’il est sans façons ! il fait comme ça le vertueux, mais je suis sûre que c’est un Tartufle, ça m’a tout l’air d’un prêtre déguisé !